#24 Elite Nationale GP Pays de Montbéliard Agglo
#24 Elite Nationale GP Pays de Montbéliard Agglo

#24 Elite Nationale GP Pays de Montbéliard Agglo

Nous voilà le dimanche 10 juin et après une coupure d’une semaine, je reprends l’entrainement progressivement. Jusqu’aux championnats régionaux, le calendrier est presque vide et l’occasion se présentait ce week-end de se faire surclasser pour courir en Elite Nationale avec l’équipe DN sur le Grand Prix du Pays de Montbéliard Agglomération. Cette course deviendra dans les années à venir, certainement d’ici à deux ans, une manche de la Coupe de France DN1, et c’est ce qui m’a décidé à m’aligner au départ, c’est une occasion en or de prendre de l’avance avec une très belle expérience. Romain m’accompagne dans cette découverte. Le niveau première catégorie est celui qui me plait le plus jusqu’à maintenant, alors pourquoi pas une course Elite !
Seulement voilà, lorsque Jean-Charles récupère les dossards auprès des commissaires, il revient avec une mauvaise nouvelle : le président du Jury refuse de nous autoriser le départ. En cause, la dérogation de surclassement signée de Julien Thollet, le conseiller technique régional ; qui aurait dû l’être de la direction technique nationale ; et malgré l’insistance de la part de la famille Faussurier, de Jean Charles, des organisateurs de l’épreuve et même des bénévoles présents sur le lieu, le président du jury n’a rien voulu entendre, et ne reviendra pas sur sa décision sans l’accord de la fédération nationale. Pour tenter de bien exprimer l’injustice de la situation, il faut considérer que c’est à la demande de Pierre-Yves Chatelon que Romain s’est insrcit sur cette course afin de préparer le Grand Prix Patton sous le maillot de l’équipe de France, et que l’an dernier, Vincent Clerjon avait pu courir sur le circuit des Monts du Livradois avec la simple autorisation du comité régional. Le doute sur le bien fondé de ce refus n’est toujours pas effacé… On aura simplement eu la malchance de tomber sur un président du jury un peu trop pédant et de mauvaise humeur. Malgré de nombreuses tentatives, impossible de joindre quiconque de la fédération en plein dimanche après midi ; et le miracle n’aura pas lieu. Je quitte mes dernières illusions sur une image frappante qui me restera toujours en mémoire : Martine Faussurier refusant de quitter le milieu de la route, et sans scrupule, le peloton qui prend quand même le départ, obligé de la contourner…
Mais l’aventure ne s’arrête pas là pour autant. En tenue quand même, au cas où un miracle surviendrait, je me suis résigné à une grosse sortie d’entrainement pour ne pas perdre ma journée, sans l’envie… C’était sans compter sur l’orgueil du champion qu’est Romain Faussurier, car j’aperçois un petit point bleu blanc rouge s’en aller au fond de la ligne droite d’arrivée. Je décide de le rejoindre avant qu’il ne disparaisse. Je ne m’étais pas rendu compte que Romain comptait prendre le départ quand même. Je suis épaté par une telle réaction. Lorsque le peloton passe pour terminer son premier tour, on saute dans les roues sans laisser passer notre tour. C’est pour donner tord à ce commissaire capricieux que je rédige l’article de cette course que l’on n’a pas officiellement courue, mais à laquelle nous avons finalement bel et bien participé, en dépit de l’inflexibilité de notre collègue commissaire. C’est la justice des coureurs qui aura le dernier mot !
Avec certes un tour en moins, nous voilà bien calés dans les roues de la queue du groupe de tête, puisque le peloton a déjà cassé. L’allure est rapide. Nous ne les quitterons plus avant l’arrivée. Le plus agréable dans cette situation, c’est que même en étant en tord selon le strict règlement de la fédération, il ne peut absolument rien nous arriver, puisque si le commissaire remonte notre refus d’obtempérer à la fédération c’est bien lui qui risque de se faire tirer les oreilles, puisque c’est l’entraineur fédéral lui-même qui a demandé à Romain de prendre le départ. Par ailleurs, il ne peut pas non plus nous faire barrage, nous forcer à nous arrêter ni nous renverser. Après une tentative d’intimidation, on n’entendra plus jamais parler de lui.
Au fil des tours, il devient de plus en plus frustrant de participer à la course sans participer, et de plus en plus difficile de résister à l’appel de la roue à l’avant qui démarre pour aller prendre un groupe d’échappés. Nous ne pouvons pas ni participer aux attaques, ni rouler à l’avant ou à l’arrière, encore moins faire des cassures ou favoriser certains coureurs… Lorsque, piégée, l’équipe de Roanne qui a pu prendre le départ avec Jérôme Mainard, Anthony Soares et Thomas Girard se retrouve contrainte de rouler, on ne peut que les regarder faire, à peine les encourager, et c’est immensément plus frustrant que ce que je pensais… Romain fera un tour de moins que moi, puisqu’il crève de la roue arrière à mi course environ. Une belle journée de merde pour lui avec en plus un boyau crevé pour rien ! Peu après son retour alors qu’aucun groupe n’a encore pu s’en aller définitivement, je craque, et je prends les roues de quelques attaquants. Plusieurs coureurs d’Etupes me ramènent à la raison. Ils ont raison, d’ailleurs. Je ne dois pas fausser la course, c’est la règle. Ce sera pour une autre fois ! Aujourd’hui, je suis spectateur, et déjà, il y a matière à tirer de belles leçons sur une course de ce niveau.
A trois tours de l’arrivée, un ras-le-bol général du peloton permet à une vingtaine de coureurs de s’échapper presque d’un coup. Je sens à ce moment que la course est entrain de basculer, c’est maintenant qu’il faut y aller. Mais je ne peux rien faire ! Ce petit groupe s’enterre tout de suite et en son sein, plusieurs bon coureurs en forme qui en ont trop fait en début de course comme Thomas Girard pour nous. Seul Jérôme est parvenu à intégrer le groupe de tête. La course se terminera comme ça, dans ce petit groupe à une allure très modérée mais qui me suffit largement. Je suis limite sur la distance. Pour une course de reprise, je ne m’attendais pas à mieux, tenir les 150 bornes s’annonçait ambitieux dans ces circonstances. Content d’y avoir été malgré tout…
Un article volontairement engagé, car c’est de cette façon que nous avons vécu cette situation humiliante, et que si dans le monde des commissaires on trouve de nombreux passionnés sans qui les courses de vélo n’existeraient pas, une petite partie de ces personnes profitent du peu de pouvoir qu’ils détiennent pour en tirer une jouissance personnelle, et n’hésitent pas à en user à tord et à travers pour le seul plaisir d’être celui qui donne les ordres et qui ne peut qu’avoir raison. Bien entendu, il faut de tout pour faire un monde… Et celui du vélo n’y échappe pas.