Étape 2 : Abondance – Châtel, 12km CLM
Lever aux aurores pour lancer le contre-la-montre matinal, compte tenu de ma dernière place au classement général. Départ à neuf heures, la nuit est donc assez courte, mais j’opte pour la solution de très peu déjeuner, un demi bol de céréales seulement, pour pouvoir retarder le réveil. En revanche, je prépare de quoi me nourrir rapidement après l’arrivée. Nous sommes logés dans un magnifique hôtel à La Chapelle d’Abondance, au milieu du contre-la-montre de douze kilomètres qui relie Abondance, plus bas, et Châtel, plus haut, au terme d’un interminable faux-plat montant très prononcé, et avec deux derniers kilomètres de montée. Comme tous les contre-la-montre, je tiens à donner le meilleur de moi-même, même si je n’ai absolument aucun équipement spécifique cette fois-ci, ce qui constitue un net désavantage. De toute manière, l’objectif premier est de travailler à haute intensité en vue des échéances futures.

Je prends un départ relativement prudent car je dois réveiller mon corps encore un peu endormi, mais je trouve vite mon rythme, et je pense n’avoir pas été trop mauvais sur la première portion du parcours, les dix premiers kilomètres, pas en comparaison des leaders bien entendu mais du point de vue de la gestion de l’effort, j’ai été assez propre et régulier. Les deux derniers kilomètres en montée, cependant, ont été un calvaire, le cœur étant toujours bridé au niveau de la veille. Je sors donc une moyenne cardiaque très modérée, autour de 174 pulsations moyennes, pas davantage, ce qui me laisse penser qu’en bonne condition, je peux effectuer un chrono beaucoup plus rapide, j’en ai bien la sensation physique en tout cas. Alors que je signe 23’24’’, l’ancien pro Rostollan s’impose en 18’10’’, à plus de 42km/h de moyenne sur un parcours présentant 300 mètres de dénivelé…
Étape 3 : Châtel – Châtel, 124km
La demi-étape de l’après-midi n’était pas du tout la moitié d’une course, puisque déjà relativement longue, c’est surtout le dénivelé qui constitue la difficulté, avec trois cols successifs : après 40 kilomètres descendants s’enchaînent l’interminable Col des Gets, mais heureusement pas particulièrement difficile, puis le Col de Corbier, qui là par contre développe 7 kilomètres à 8% de pente moyenne et fait figure d’épouvantail, et enfin les premiers kilomètres du Pas de Morgins vers Châtel et la Suisse, soit tout simplement le parcours du contre-la-montre matinal pour terminer. Je me montre relativement prudent au départ, tentant de trouver le point d’équilibre entre économie et opportunisme malgré tout, car la longue portion descendante est plutôt une affaire d’aspiration que de cuisse, même si certaines courtes remontées piquent déjà. Un groupe de 5, puis 4 coureurs se forme à la force du jarret sur l’une de ces rares parties montantes, et le CC Étupes du leader Edouard Lauber impose un tempo régulier, Lauber lui-même en assurant une grande partie. Les sensations sont nettement meilleures que la veille, et je me fais plaisir dans les portions de descente techniques… D’autant plus que le profil n’en présente plus aucune pendant 40 kilomètres.
Le tempo efficace, mais régulier de l’équipe franc-comtoise permet de ne pas souffrir dans les roues, et nous restons placés tous ensemble dans les premières positions pendant l’ascension du col des Gets. L’écart ne monte pas beaucoup plus haut que la minute, et la situation reste la même jusqu’à la redescente vers Morzine, puis l’approche du Col de Corbier, où la course promet de se décanter nettement. Dans une première côte assez difficile non répertoriée, je me fais surprendre en pensant qu’il s’agissait du pied du col, et en préférant gérer mon effort, surpris par le rythme de la tête du peloton. Or il ne s’agissait que d’un amuse-bouche et me voilà piégé avec une trentaine de coureurs, alors que le véritable col approche à grands pas… Je tente de boucher le trou dans la descente mais celle-ci est trop courte, et je dois me résoudre à me relever.
Au pied de la montée, nous ne sommes qu’à quelques mètres des voitures suiveuses du peloton sur les talons de l’échappée, qui ne compte plus qu’une grosse trentaine de membres. Mais il s’agit déjà d’un handicap non négligeable. La pente est régulière mais à plus de 8%, et les groupes s’enchaînent avec assez peu d’écart, si bien qu’ils se mélangent lentement en fonction de la force de chacun. De mon côté, je remonte quelques coureurs mais je reste globalement à ma place, ce qui me laisse quelques regrets. Je ne me rappelle qu’en butant contre la pente avec un braquet trop gros que j’avais prévu de monter le 28 dents et que j’ai oublié de le faire avant le départ. Après un effort de près de 25 minutes, je bascule à quelques mètres d’un groupe d’une dizaine me précédant. Je tente de revenir dans la descente, je reprends un coureur du Team Chris Net, mais je suis gêné par les voitures qui restent derrière Yoann Michaud, qui a concédé quelques mètres sur le groupe. Nous terminons donc la vallée à trois, coincés entre plusieurs groupes. Je termine quelque part dans la première moitié de tableau.

Je suis très satisfait de mon week-end, même si les résultats, et notamment ceux du premier jour, ont été particulièrement mauvais. D’abord parce que nous avons évolué dans une superbe région, dans de super conditions. L’organisation a été excellente du début à la fin, les parcours bien tracés, les transferts bien pensés, les hébergements exceptionnels et aucune bavure sur la route, malgré les nombreux travaux sur le parcours et en-dehors. J’ai trouvé le plateau de coureurs étonnamment élevé pour une course de niveau Élite. Ensuite, parce que comme prévu, mon dimanche a été incomparablement meilleur que mon samedi : j’ai repris la compétition sans avoir fait aucune séance intensive depuis la reprise, et le cœur a été mis à rude épreuve. Le travail a donc été excellent et c’était mon objectif premier, tout comme la récupération et les sensations physiques, ce qui dénote d’une vraie fraîcheur, et ce sera un atout de poids dans quelques semaines. L’équipe a été plutôt bonne avec un top 10 au classement général pour Romain Faussurier. J’ai pris beaucoup de plaisir, notamment le dimanche. À présent, trois petits jours de récupération avant d’enchaîner avec le Rhône-Alpes Isère Tour, où la concurrence sera encore d’un autre niveau, notamment avec la présence de l’équipe professionnelle Europcar. Dans dix jours maintenant, ce sera le décollage…