Pourquoi le cyclisme est devenu le bouc-émissaire… Et ce que nous pouvons faire
Pourquoi le cyclisme est devenu le bouc-émissaire… Et ce que nous pouvons faire

Pourquoi le cyclisme est devenu le bouc-émissaire… Et ce que nous pouvons faire

Alors se tenaient les Championnats du Monde de Cyclo-cross, discipline méconnue du grand public en France mais qui rassemble près de 50 000 spectateurs chaque week-end Outre-Quiévrain (plus du double de l’affluence moyenne d’un match de Ligue 1), l’information la plus relayée par les médias français était la découverte d’une assistance mécanique sur le vélo présumé de la concurrente espoir Femke Van den Driessche, devant même les résultats de l’épreuve Elite. Un tel traitement peut sembler injuste, et l’on peut pointer du doigt les médias, à raison, pour le déséquilibre d’information dont le cyclisme est victime de façon récurrente. Paroxysme de l’indignation sur les réseaux sociaux, et du paradoxe par la même occasion, l’experte analyse de l’ancien champion Richard Virenque sur la chaîne privée TF1, en prime-time lors de son Journal de 20h. Cette même chaîne qui ne propose pas de résumé d’étape les soirs de Tour de France.

Ces derniers jours, j’ai été interpellé par cet article, très largement relayé sur les réseaux sociaux. Pour ceux qui ne prendront pas le temps de le lire, Sarah Meyssonnier, blogueuse sur l’express et créatrice du site web Roulez Jeunesse, met en avant l’injustice du traitement du cyclisme dans les médias. Dans cette perspective, elle commence par comparer le cyclisme avec les autres sports, puis termine en mettant en évidence le décalage entre les faits relayés et la réalité du terrain. Cette analyse a fait l’unanimité au sein des suiveurs et de certains spécialistes. Pourquoi ? Parce qu’elle colle à la perfection à l’opinion dominante. Elle a prononcé tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Pourtant, si je suis bien du même avis en ce qui concerne les faits, je ne suis pas d’accord avec le raisonnement et je vais expliquer pourquoi.

La position de TF1 vis-à-vis du cyclisme n’est pas différente de celle des autres médias généralistes. C’est une simple tendance exacerbée par son traitement hautement libéral de l’information, dans la mesure où il s’agit d’une chaîne privée, qui laisse donc évoluer sa programmation au gré de l’audience (et des profits). Autrement dit, elle choisit cette politique parce que c’est ce que ses auditeurs préfèrent. Les médias diffusent l’information, mais n’oublions pas qu’ils obéissent à notre demande, par le mécanisme très simple de la loi du marché, à laquelle même le service public est soumis. Il me semble donc incorrect de penser qu’ils sont les seuls responsables de ce déséquilibre manifeste. Non seulement se placer en victime ne fera donc pas avancer les choses, mais c’est aussi nier la part de responsabilité que nous avons.

La vraie question est donc : pourquoi les auditeurs préfèrent-ils la polémique au sport ? C’est une vérité très banale. Le grand public a toujours préféré l’adrénaline du dernier fait divers insolite à la mode à la vérité du quotidien. De ce point de vue, c’est donc sans doute un problème sans solution. L’autre question est : pourquoi le cyclisme plutôt qu’un autre sport ? Je crois qu’il est vrai que le cyclisme a endossé, à l’origine et jusqu’à aujourd’hui, un rôle qui s’apparente à celui de bouc-émissaire. Avec la désillusion de l’affaire Festina, le rêve est mort dans le cyclisme. Il a laissé la place au soupçon. Peut-être qu’en endossant ce mauvais rôle, le cyclisme protège d’autres sports de la chute de leur rêve.

Ce que nous pouvons faire pour contrer cette tendance, c’est continuer à aimer le cyclisme, en dépit de tous les coups durs qu’il affronte chaque année, qu’ils proviennent des médias, ou de nos propres sportifs. Nous devons croire en nos athlètes jusqu’au bout, et ne pas vaciller lorsque nous sommes trompés, car c’est de cette façon que les tricheurs l’emportent, et c’est sur cette faiblesse que les médias fonctionnent. N’oublions jamais que le cyclisme, que le sport en lui-même est bon : c’est l’être humain qui est mauvais.

11 Comments

  1. Gilles Buisson

    Bonjour Tom,

    100% d’accord avec votre article. Dire que 100% des cyclistes sont dopés c’est dire que 100% des politiques sont pourris etc. Il y a des dopés, il y a des pourris mais…pas 100% et même beaucoup moins.
    C’est la nature humaine en effet qui génère les excès. Il faut l’accepter, cela n’enlève rien à la noblesse du sport et du cyclisme.

    Je suis très impressionné par votre aventure et votre étude du Japonais. Quelle vie riche !

    Gilles

    1. sisbos

      Gilles,

      Merci beaucoup pour votre soutien. J’estime en effet que j’ai beaucoup de chance, alors j’en profite au maximum. J’ai pris la résolution de commencer à en partager davantage, car c’est plutôt de temps que de contenu que je manque. Je produirai aussi quelques articles d’opinion comme celui-ci de temps en temps, pour rester connecté à la réalité et provoquer des débats.

      Au plaisir,

      Tom

    1. sisbos

      Excellent article Johann, bien meilleur que d’habitude.

      Ce que tu appelles “un sujet rigolo”, c’est ce que j’appelle “l’adrénaline du dernier fait divers insolite à la mode”. Le traitement médiatique de cette affaire a été catastrophique, pour plusieurs raisons. Mais je ne pense pas que le coeur du problème se trouve dans le média, qui n’est que la projection du public. Le problème, c’est que c’est ce genre d’article qui parle au public. Pas quelque chose de fond, ni quelque chose de centré sur le sport.

  2. Papadkimi

    En disant haut et fort que les cyclistes étaient des forçats de la route, on a distillé dans l’esprit du public que les sportifs étaient surhumains. Or, comme on le sait, ce qui parait incroyable est généralement faux. Donc, performance cycliste = artifice. Or, on sait qu’un Fabio Cancellara est capable de mettre 100 mètres à un peloton lancé à fond, et que Froomey a une telle vitesse de jambe que sur un pourcentage donné, il est plus efficace qu’un Quintana ou un Contador. Mais il est tellement institutionnalisé que la triche est l’âme de ce sport, que l’image de sport dopé colle aux basques de tous les cyclistes. Amateurs compris. Des idiot(e)s qui donnent de l’eau au moulin des rumeurs généralisantes ne sont que des aleas de plus, le mal est fait, et il est profond. C’est l’éducation de nos gamins en école de vélo, à qui on apprend le plaisir avant la souffrance et la compétition à tout rompre qui sera la solution à long terme.

    1. sisbos

      Je suis assez d’accord dans l’ensemble, même si c’est un peu réducteur. La formation est bien évidemment la première parade au dopage, bien avant le contrôle. Dans l’esprit du grand public, je crois que l’amalgame restera probablement à jamais. Un jour, dans un avenir peut-être très proche, un français de la bonne école remportera le Tour, et c’est peut-être la seule chose qui pourrait réhabiliter le cyclisme auprès du public.

  3. Clément

    Je n’ai pas du tout aimé cet article justement (celui de la blogueuse sur l’express), il est trop facile, trop “fleur bleue” je trouve.
    Un peu marre depuis de nombreuses années de lire des “allez voir dans le tennis ou le foot”, lassé qu’on fasse les victimes et qu’on dise “oui mais dans tel sport c’est pas mieux” (je l’ai aussi dis au début ;)). En fait en quoi ça change le fond du problème du dopage que ce soit pareil dans l’athlé, le foot ou le tennis?
    Règlons le chez nous, et si c’est possible aidons les autres sports qui sont demandeurs pour transmettre l’expérience acquise.
    Le vélo à eu ce qu’il méritait et ce qu’on méritait plus généralement. Qd je regarde autour de moi et que je vois bon nombre d’anciens compétiteurs (qui le sont encore) j’ai honte et je ne suis pas étonné qu’on soit arrivé à de tels problèmes.

    La médiatisation a je pense servi à changer les mentalités, a forcé les instances et les chefs d’équipes à changer de position, à donner du crédit à des travailleurs de l’ombres qui ont émergé (des entraineurs sérieux par exemple), sans ça tout aurait continué comme entre Festina et l’affaire Fuentes c’est à dire une petite partie qui essaie de jouer le jeu et la majorité qui continue à tricher…mais à force de scandales répétés, le sport de haut niveau s’est retrouvé face à un mur (même si en // plus en bas de la pyramide grâce à des parents & éducateurs plus conscienscieux la jeune génération tournait déjà dans le bon sens, ce qui a été confirmé récemment qd on a vu débarquer des jeunes -mtn des vainqueurs en WT- n’hésitant pas à huer les tricheurs ouvertement)

    Donc oui à la médiatisation de ce problème, afin de le traiter illico…parce que je n’ai pas envie que ça traine 15 ans comme le dopage.
    Bon forcément le contre-coup de la médiatisation c’est de se payer des articles ridicules comme celui de la Gazzetta avec sa roue loufoque à 200.000€…

    Mais sinon papier intéressant que tu as écris là et c’est bien de creuser cet axe pour ouvrir le débat

  4. Clément

    (parce que ce n’était pas forcément clair, qd je parle d’anciens compétiteurs qui le sont encore, je parlais au niveau amateur…même si ça peut aussi s’appliquer parfois au niveau pro)

    1. sisbos

      Clément,

      Je partage exactement le même avis sur toute la ligne. C’est évidemment un événement de très grande importance symbolique, qui doit ouvrir le débat. Le problème majeur du traitement médiatique dans l’affaire, et c’est le corollaire de l’avènement des réseaux sociaux, c’est que plus personne ne fait de différence entre fait et rumeur, et ça devient la porte ouverte à n’importe quoi. Ce traitement médiatique-là n’aide pas du tout à traiter le problème.

      En ce qui concerne le problème des vieux mafieux encore en service, je ne suis pas trop pessimiste. Ils finiront par s’éteindre avec le reste de leur génération – s’ils ne se recyclent pas trop dans le vélo. Le vrai problème français actuel c’est Mabuse qui a encore la mainmise sur tout un système, car il travaille avec des coureurs espoirs et c’est beaucoup plus inquiétant.

      En passant, tu ne t’en souviens sans doute pas, mais j’ai fait partie de l’équipe de stagemakers il y a… Neuf ans. Ca ne me rajeunit pas ! Comme quoi tu crées des vocations !

  5. marco

    Hello,

    J’aime bien ce type de discussion, la couverture médiatique des “affaires” ne sera de toute façon jamais objective puisqu’elle répond avant tout à des exigences d’audience et donc la recherche du sensationnel à moindre coût: il faut avouer que le vélo lui en fournit pour pas cher. Images d’exploit disponibles sur toutes les étapes de montagne du Tour + présomption de culpabilité liée aux nombreuses casseroles que traine le milieu et le tour est joué (sans mauvais jeu de mot).
    Ce qui me gêne c’est que cette démarche devient la norme pour bon nombre de médias et bien au delà du vélo et du sport: pas d’analyse en profondeur, pas de débat contradictoire, simplification, “manipulations” par images chocs,…

    Mais tout n’est pas perdu, il suffit d’éteindre la TV (et sauter sur le vélo pour un peu d’introspection…ou ouvrir un bon livre) ou encore zapper sur ARTE. Quand les audiences baisseront, nos chers médias réaliseront peut être que la soupe qu’il nous serve ne nous convient plus !

    Ciao

  6. Thanks for your post. Another issue is that to be a photographer involves not only problems in taking award-winning photographs but also hardships in getting the best digital camera suited to your requirements and most especially challenges in maintaining the standard of your camera. This really is very genuine and obvious for those photography lovers that are straight into capturing the nature’s eye-catching scenes – the mountains, the forests, the wild and the seas. Going to these daring places certainly requires a digital camera that can surpass the wild’s hard environments.

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