Grand Prix Gilbert Bousquet – CDF DN1
Grand Prix Gilbert Bousquet – CDF DN1

Grand Prix Gilbert Bousquet – CDF DN1

Le week-end breton du mois de mars sur le calendrier national était l’une des grandes préoccupations des directeurs sportifs des équipes de Division Nationale 1 avant même le début de la saison 2015. Et pour cause, fait inédit, deux manches de la Coupe de France Look des clubs de DN1 se disputent cette année le même week-end, en bretagne, les samedi 28 (Grand Prix Gilbert Bousquet) et dimanche 29 mai (Boucles Guégonnaises). Cela signifie qu’en deux jours, se jouent 25% du total des points de l’année. Les clubs ont donc prévu un grand déplacement vers Finis Terra, et nous n’échappons pas à la règle. Pour aborder les deux épreuves avec plus de sérénité, et surtout nous éviter les conséquences de 9 heures de voyage la veille de l’épreuve, c’est le jeudi que nous traversons la France.

Après une séance de déblocage de deux heures dans les Montagnes Noires le vendredi sous un temps breton typique, c’est à nouveau la pluie qui nous attend le lendemain, sur les routes finistériennes. Au programme du “Bousquet”, 115 kilomètres en ligne à travers les Monts d’Arrée et leur dénivelé, avant de rejoindre un circuit final de 5 kilomètres dans le bourg de Landivisiau à boucler 8 fois. Mais c’est surtout le vent qui promet de durcir la course, car si la course ne se prête pas particulièrement aux bordures du fait des fréquents changements de direction et de la végétation abondante, il souffle plus fort que jamais, avec 40 à 50 kilomètres par heure.

bousquet

Ou plutôt, c’est surtout à moi qu’il a causé du souci. En fin de compte, le peloton n’a pas beaucoup diminué avant l’arrivée sur le circuit final. Mais de mon côté, je ne suis pas parvenu à rentrer dans la course. Je n’étais pas particulièrement mal physiquement, simplement un peu engourdi du fait du trajet et de ma semaine d’entraînement (un peu trop) légère, mais il était probable que je me débloque au fil des kilomètres. Je savais à quoi m’attendre, je connaissais bien le parcours et mes adversaires. Je ne supporte pas bien la pluie, mais je n’ai d’ordinaire pas de problème quand il s’agit du vent. Pourtant, j’ai rapidement compris qu’il s’agirait d’un calvaire. Les premiers kilomètres m’ont vite mis dans l’ambiance : gros vent de dos, 65 kilomètres par heure sur les 10 premières minutes. Dans les dernières positions, pas un coup de pédale à mettre. Je savais ce que cela signifiait : au prochain changement de direction, le vent s’engouffrerait de côté. Pourtant, j’étais incapable de remonter le moindre concurrent. J’avais peur de la chute, j’anticipais le moindre mouvement, je freinais à chaque vague. Quand je gagnais deux places, j’en perdais trois. Lorsqu’on a tourné à gauche, je me suis retrouvé dans le vent, dans les dernières positions, alors qu’à l’avant, la tête était encore totalement compacte. Les premiers coureurs ne devaient même pas remarquer qu’à l’arrière, nous étions en file indienne. D’ordinaire, j’ai bien assez de puissance pour serrer les fesses le temps de la bordure, puis pour me replacer dès que nous sommes de nouveau protégés. Mais ce jour-là, non seulement je n’y parvenais pas, mais en plus, je n’avais pas la niaque pour remonter immédiatement quand j’en avais la possibilité. Fatalement, au bout d’une vingtaine de kilomètres, j’ai connu une première alerte. Une rafale et une relance un peu trop violente m’ont fait perdre contact avec quelques coureurs. Je suis revenu dans la roue de mon ami Valentin Deverchère un peu plus loin, pas en joie lui non plus. J’ai tenté de me remobiliser, mais je ne suis parvenu qu’à remonter quelques positions avant la première côte répertoriée. Je savais qu’un pont étroit au pied me condamnerait à devoir monter plus vite que la tête pour garder le contact. Je me suis fait violence dans la montée pour basculer au coeur du groupe, mais quand le vent est revenu, cette fois-ci accompagné de la pluie, je n’avais pas eu le temps de récupérer. Cette fois-ci, j’ai lâché prise irrémédiablement. Nous n’avions parcouru que 50 kilomètres, à peine plus d’une heure de course.

J’aurais probablement pu revenir une seconde fois, peut-être encore une troisième, je ne le saurai pas. Peut-être que les sensations, comme espéré, se seraient améliorées. Toujours est-il que j’ai lâché prise, et pour la première fois peut-être, avec le sentiment de ne pas avoir tout donné. Le plus inquiétant, c’est que je n’ai même pas réussi à en être déçu. Le staff a décidé de ne pas m’aligner au départ le lendemain. Pour être franc, c’était la bonne décision. Je tiens à m’excuser auprès de l’équipe, et en particulier de Cyril Dessel, à qui j’avais fait la promesse de me battre tout au long du week-end. Je le savais pourtant, et je m’y étais préparé, mais je n’ai pas su repousser le burn-out. Nous sommes repartis de Bretagne avec seulement 7 points, et j’endosse une partie de la responsabilité. En début de semaine, je me suis vraiment dit que je n’étais plus coureur, et que ceci étant, rien ne me servait de continuer à faire des courses sur lesquelles je n’ai pas envie de me battre. Avec le recul, je sais qu’il n’est pas encore l’heure d’arrêter de me battre mais si je veux continuer, je dois changer de philosophie. J’ai pris la décision d’abandonner le premier front, au moins de manière temporaire, peut-être définitive. Il faut que je remette le plaisir au centre de ma pratique, et que je cesse de m’accrocher à cette philosophie de la recherche de la perfection et de l’exigence à tout prix que je ne peux plus assumer. Cela passe par un ré-apprentissage et par une ré-appropriation de mon propre sport. Quand on s’entraîne entre 15 et 20 heures par semaine depuis ses 16 ans, c’est plus facile à dire qu’à faire…

Je me présenterai donc samedi sur le Grand Prix de Saint-Etienne qui me tient à cœur, et qui tient à cœur au club, sans aucune forme de pression. J’organiserai ma semaine à l’envie, et je verrai si je sais encore faire preuve d’orgueil, ou si mon corps rejette définitivement la compétition. Lundi, je serai au départ de la course régionale de Villefranche-sur-Allier, pour retrouver un niveau plus accessible, et le devant de la course avec moins de difficultés.

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