La seconde étape était d’format un peu particulier, puisqu’il s’agissait d’un critérium nocturne de seulement 45 kilomètres, mais particulièrement difficile, puisque sur les 30 tours de 1.3km, nous devions à chaque fois emprunter trois cent mètres de pavés en côte, puisque l’arrivée était jugée exactement au même endroit que la veille. La descente était très rapide et surtout semée de virages dans tous les sens, ce qui faisait qu’il était quasiment impossible de remonter le peloton de plus de 120 coureurs.
Notre seul objectif était au départ la protection du maillot jaune d’Andrei, et dans ce but, je sais qu’il est important de bien se placer au départ. Je suis en troisième ligne au moment du baisser du drapeau, mais au terme du tour neutralisé, j’ai rétrogradé jusque dans les 30 dernières places, me laissant ainsi dans une position très inconfortable ! A chaque tour, je parviens à remonter entre cinq et dix coureurs, mais il me faut pour cela boucher de nombreux trous, et si je ne me sens pas forcément mal, derrière, le rythme est effréné ! Au bout d’environ cinq tours, j’écope d’un nouveau handicap, et de taille cette fois-ci : à cause de la vibration des pavés, ma selle est sortie de son tube d’au moins deux centimètres, et je dois pédaler ou bien en danseuse, ou bien en crapaud, pendant une vingtaine de tours. Je pense avoir fait le plus difficile, en étant parvenu à remonter dans le top 15 et m’être ainsi placé à l’abri de la majorité des cassures, lorsque le tube s’allonge encore d’un seul coup, me contraignant cette fois-ci à l’arrêt pour taper sur la selle à grands coups de poings. Je repars en chasse, parviens à boucher quelques secondes sur le groupe, mais au tour suivant, elle remonte à nouveau, me contraignant à m’arrêter pour la seconde fois. Cette fois-ci, c’est terminé, et je perds ainsi toutes mes possibilités au classement général sur cet incident regrettable. L’étape est remportée par le coureur italien qui m’a remonté au sprint le matin et ainsi chipé le maillot blanc sur le fil, devant notre leader Andrei Nechita maillot jaune.

L’étape du dimanche sera plus dans mes cordes. Avec ce que l’on a démontré la veille dans l’étape en ligne, je pense que nous serons à notre avantage. Cependant, je n’ai plus d’ambition personnelle. Cette course de niveau élite n’est qu’une préparation pour les échéances futures, et notre seul objectif est de ramener la victoire avec Andrei, en créant les bons automatismes de cohésion. Je ne pourrai donc probablement pas jouer l’étape, mais en dépit de l’incident de ce soir, je suis d’ores et déjà pleinement satisfait de mes premiers tours de roue en Europe de l’Est.