FFC, ce que ton sport cherche à te faire comprendre
FFC, ce que ton sport cherche à te faire comprendre

FFC, ce que ton sport cherche à te faire comprendre

Le mois de décembre se révèle relativement chargé en mutations et en réformes dans le macrocosme du cyclisme. Ces jours-ci, plusieurs débats ont été ouverts par l’actualité, autour du projet de label continental de l’équipe de l’Armée de Terre, ou bien de l’apparition d’une manche sur piste au menu des coupe de France DN et challenge national junior. Mais ces débats ne font pas que se succéder, ils se superposent, et en fin de compte, viennent simplement grossir la pile de conflits qui s’entassent entre les acteurs et les décideurs de notre sport.

Pourquoi ces actualités font-elles débat ?

Sans rentrer dans le détail du dossier Armée de Terre, il faut se souvenir que depuis son accession au plus haut niveau amateur voilà trois ans, l’Armée de Terre a démontré qu’elle remplissait les exigences sportives du niveau continental. La structure présente des garanties financières et administratives solides, et son éclosion est salvatrice pour le milieu amateur et professionnel actuel : 20 postes supplémentaires chez les professionnels, une passerelle formatrice idéale, la reconnaissance de la qualité du sport amateur. Dès lors, pourquoi y a-t-il débat ?

En réalité, si un tel projet était né à l’étranger, l’équipe n’aurait eu aucun mal à obtenir son label. Le problème vient de la réglementation spécifique française, qui oblige les structures continentales à respecter les contraintes du statut professionnel, et qui doivent par conséquent se soumettre à des obligations salariales pointilleuses. Or, dans le cas de l’Armée de Terre, le projet stipule que les coureurs sont rémunérés par l’Armée, qui est une institution publique indépendante de la structure sportive. Plutôt que de constituer une garantie d’autant plus grande de la sécurité salariale, ce point de détail est éliminatoire aux yeux du cahier des charges de la fédération.

En conséquence, malgré l’aval unanime de l’ensemble des instances régentes du cyclisme (LNC, DNCG, FFC), aucune réponse n’a pu être rendue avant le 11 décembre dernier… Moins d’un mois et demi avant l’ouverture de la saison professionnelle. Au premier rang des victimes, les coureurs bien entendu, qui ne savaient ni dans quel groupe sportif ils allaient s’engager dans la saison à venir, ni dans quel calendrier, ni dans quelles conditions. Au second rang, les structures elles-mêmes, puisque toute avancée dans la préparation de la présente saison (calendriers, staff, matériel, partenariats…) ne pouvait être poursuivie sans garanties d’obtention du label, à la fois du côté de l’Armée de Terre, mais également des structures auxquelles les futurs coureurs étaient rattachés. Nous mêmes n’avons appris notre maintien en DN1 que début décembre car il dépendait de la vacance ou non de cette place laissée par l’Armée. Comment le CR4C Roanne, qui ne pouvait prévoir de perdre ses deux leaders Jérôme Mainard et Jimmy Raibaud, peut-il faire face à cette soudaine désertion de l’effectif DN1 ? Rappelons la raison initiale de ce retard : la défense de la stabilité du statut des coueurs. N’y a-t-il pas comme un léger paradoxe ?

Pourquoi ce débat est-il alarmant ?

Mais le dossier de l’Armée de Terre n’est pas le seul débat ouvert ces derniers temps. Dans une actualité encore plus récente, l’ensemble des acteurs du cyclisme a pu découvrir qu’une épreuve sur piste allait être incorporée aux calendriers respectifs des différentes Coupes de France DN et du Challenge National junior. Sans même aborder le bien-fondé d’une telle décision, c’est la soudaineté de l’annonce qui surprend les suiveurs. Alors que le calendrier des épreuves DN1 est connu depuis juillet dernier, comment accueillir l’addition subite de cette manche au programme ? D’autant plus lorsque l’on sait qu’un sondage effectué lors du regroupement des dirigeants des clubs membres de l’ACCDN, au début de l’automne, rejetait le projet à plus de 90% des voix. Si l’aval n’est pas venu des structures, qui a décidé ? Pour quelles raisons ? Aucun document officiel ne précise ni n’explique la mesure, encore moins ses modalités.

Ces deux débats en rejoignent bien d’autres, comme celui des indemnités de formation du monde professionnel en direction des structures amateur, du remplacement des postes vacants au sein des comités ou encore du financement des pôles espoirs régionaux. Le point commun de ces différentes questions, c’est que la demande vient expressément de l’ensemble des acteurs du cyclisme. De ceux qui le font tourner au quotidien, le plus souvent de façon bénévole et dévouée. A l’heure où les chiffres de l’essor du BMX dissimulent ceux du recul du cyclisme traditionnel, le fossé ne cesse ainsi de se creuser entre la Fédération Française de Cyclisme, qui se rapproche progressivement de ses préoccupations politiques, et ses propres pratiquants, qu’ils soient coureurs, suiveurs, équipes ou organisateurs. Autrement dit, le fossé ne cesse de se creuser entre les décideurs et les acteurs du cyclisme.

A force de t’éloigner de tes fonctions, Fédération Française de Cyclisme, tu es devenue l’une des responsables des difficultés de ton propre sport. Avant que cette tendance ne devienne irrémédiable, fais l’effort de tendre l’oreille à ceux qui te font vivre…