Actuellement en séjour au sein de ma famille paternelle, je profitais de l’occasion pour découvrir le milieu du cyclo-cross local, puisque le championnat départemental se déroulait à quelques kilomètres de là par un superbe samedi gris et pluvieux comme on n’en fait nulle part ailleurs.
Comme souvent, la journée de compétitions avait pris un peu de retard à la suite des épreuves promotionnelles. L’animateur annonçait donc joyeusement le décalage du départ de l’épreuve élite d’un quart d’heure, à quinze heures quinze précises. J’attendais donc paisiblement accoudé à ma Partner familiale conduite pour l’occasion quand, aux alentours de quinze heures dix, j’ai entendu un nuage d’encouragements s’échapper depuis le bas du parcours : le départ. Heureusement, motivé par un pressentiment salvateur, je m’étais dévêtu en toute hâte dans les secondes précédentes. J’ai donc déclaré “enculé” avant de me ruer sur mon véhicule et de dévaler la pente tambour battant en manquant de m’emmêler dans les rubalises à plusieurs reprises. Je suis passé comme une fleur devant le podium, en leur glissant quelques mots de sympathie, puis j’ai poursuivi ma route à la poursuite du gros peloton qui se disloquait déjà. J’ai tenté de réfléchir pendant quelques secondes, et n’y parvenant pas, je me suis dit que j’avais peut-être trouvé un nouveau jeu tout aussi amusant : remonter le plus grand nombre possible des cinquante coureurs au départ de l’épreuve.
Après trois cent mètres, je suis revenu sur la queue du groupe, mais la tête passait déjà au-dessus de moi, dans le sens contraire, avec une minute, peut-être une minute trente d’avance. Un coureur s’étale lamentablement dans la gadoue entre deux arbres, à qui je mets un coup de vélo en en passant deux autres lorsqu’il se relève. Trois de moins. Je redouble très vite une grappe, puis une autre, toujours au moins bon moment dans les parties techniques, à coup de hops, hops. Puis, je commence à remonter de moins en moins de monde. Les écarts se creusent à tous les niveaux de la course, et les coureurs qui m’entourent sont de plus en plus forts, pendant que je m’essouffle. Pendant deux tours, je ne remonte plus personne, puis dans le troisième quart de course, je passe quatre autres coureurs. L’un d’entre eux me lâche dans le dernier tour que je termine dans le rouge… À la 19e position.
Cette course ne restera pas mon meilleur souvenir, mais je me suis offert une belle séance de souffrance, ce qui reste le plus important…