Boucles de l’Artois #1/2 – CDF DN1
Boucles de l’Artois #1/2 – CDF DN1

Boucles de l’Artois #1/2 – CDF DN1

Étape 1 : Frévent – Auxi-le-Château, 23km CLM

La troisième manche de la Coupe de France DN1 qui se dispute cette fois sous forme de course par étapes dans le nord de la France conclut mon premier cycle de travail qui, on peut le dire d’ores et déjà avant même le départ de l’épreuve, aura été un échec. Jusqu’alors, ma meilleure performance aura été… Une 16e place acquise un peu par défaut sur le classique Châteauroux-Limoges, peut-être l’épreuve où j’étais le plus fort, mais ou j’avais en plus couru totalement à contre-temps.

La première journée est la plus importante, puisque s’enchaînent deux demi-étapes, un contre-la-montre et une course en ligne, qui apportent tous deux 2/3 des points d’une épreuve en ligne classique, sans compter les points du classement général auxquels le contre-la-montre est largement susceptible de participer. En ce qui me concerne, le chrono ne revêt que peu d’enjeu puisque je n’ai pas les capacités pour rentrer dans les 30 premiers ; pour autant, je vais mettre un point d’honneur à être le plus appliqué possible dans mon approche de l’épreuve, du sortir du lit au franchissement de la ligne d’arrivée. Je m’échauffe donc assiduement pendant 45 minutes, en respectant consciencieusement mon protocole. Sur la ligne de départ, je suis concentré et dans les meilleures dispositions pour réussir une bonne performance.

Le départ est exigeant. Je m’applique à monter rapidement en puissance, car je sais que des écarts peuvent déjà se creuser. La pente, alors raide, se calme un peu mais le vent reste de face. Je suis déjà au seuil, mais je ne vais pas vite. Le compteur peine à atteindre les 35 km/h. Cela s’arrange un peu lorsqu’au village suivant, le vent redevient favorable. Je me rapproche cette fois des 50km/h mais je sais bien que les premiers rouleront peut-être 5 à 6km/h plus vite sur cette portion. Pourtant, je suis à mon maximum. La portion suivante est très exposée et d’ingrats faux-plats s’enchaînent. Je ne suis pas du tout dans mon élément. J’entends un klaxon au loin. Je comprends tout de suite qu’il s’agit du coureur parti une minute derrière moi qui est déjà entrain de revenir. Il me double, il s’agit de Cédric Delaplace, le champion de france élite en titre qui ne porte pas son maillot puisqu’il court contre-la-montre. Je croise les doigts pour qu’il soit dans le temps des meilleurs. Je ne prends pas sa roue, mais stabilise l’écart quelques hectomètres plus loin. J’approche du secteur stratégique : me voilà dans la descente, dont je profite pour relâcher l’effort lorsque cela ne me fait pas perdre de temps. Voilà déjà le pont, il faut reprendre la cadence.

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C’est le pied de l’ascension. Elle est courte, en paliers. Ma stratégie de gestion est très précise. Avant le pied des premières rampes, je baisse le gros plateau. Je monte assis longtemps, jusqu’à ce que cela pique vraiment fort les cuisses, tout en veillant à maintenir le rythme. Je joue ensuite sur mes qualités : en danseuse, je baisse une dent, puis deux, et je relance longtemps. Cela ne bascule pas, il me faut tenir le rythme. A la sortie du village, je serre les dents, la souffrance est à son comble mais il ne faut pas plier. Cela descend ensuite, mais beaucoup plus tard, et pas assez franchement pour pouvoir récupérer. J’encaisse. Devant, je n’ai pas perdu de temps sur Delaplace et cela me conforte. Il n’est toujours qu’à une vingtaine de secondes. Je me souviens du mot de Nico Denz la veille à cet endroit, disant qu’il fallait tenir 45km/h. Je suis à 40. Je n’en conclus rien.

Et puis enfin progressivement, la descente. Je n’ai pas flanché, mais ce n’est pas le secteur que je préfère. Il faut tourner vite les jambes. Je chasse toutes les autres pensées de mon esprit, je me concentre sur la mécanique de pédalage, sans songer au coup de pédale suivant. Je m’applique simplement à transférer le maximum de puissance à chaque reprise. Après 4, 5 très longs kilomètres, l’arrivée est en vue, au loin. Je relâche très légèrement sur la partie de plaine, à l’occasion de laquelle je compte 40 secondes de retard au compteur sur Delaplace, que j’ai toujours en visu. Les 800 derniers mètres sont montants et cette portion de puncher me correspond beaucoup mieux. Je donne tout pour terminer. C’est fini.

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J’ai réalisé, comme souvent, un chrono presque parfaitement géré. Pourtant, je ne pointe à l’arrivée qu’à la 117e place, un résultat extrêmement décevant. Quant aux autres, ils se placent tous dans le premier tiers du classement, à la tête desquels Nico, second du classement général le midi. Pierre est également dans le top 15, suivi de près par Gabriel. Mais ce n’est certainement pas grâce à moi que le C.C.F pointe à présent à la 13e place du classement provisoire de la Coupe de France.

Étape 2 Hesdin – Fruges, 107km

La seconde étape, au contraire de la première, est cette fois tout-à-fait dans mes cordes. C’est peut-être même ma chance : d’ordinaire, je m’adapte plutôt bien aux demi-étapes l’après-midi, le parcours me convient avec une succession de côtes courtes, et la distance n’est pas trop longue.

Le départ se fait sur de grandes routes larges et roulantes, avec un vent de dos constant. Le peloton avance compact, constamment à plus de 50km/h. Après avoir tenté de remonter pendant 10 kilomètres, il n’y a toujours que la voiture du directeur de course derrière moi. Je ne cherche plus alors à faire trop d’efforts, et attends l’ouverture. Bientôt la première côte, sur une route qui se rétrécit. Le peloton ne roule pas très vite mais il n’y a jamais suffisamment d’espace pour se faufiler. Au sommet, première alerte avec un fort vent de côté : l’occasion d’observer que je ne me sens pas très bien, ni très confiant après le résultat du matin. J’ai du mal à trouver la conviction pour remonter. Je me dis que la différence se fait justement là-dessus. Alors je me force à remonter quelques places.

Je suis toujours dans le second tiers et le rythme est encore très élevé. Plusieurs côtes se succèdent. Au briefing, la consigne était d’être placé à ce moment. C’est rapé. Parfois, je suis à la limite de m’écarter mais je tiens bon. Et puis, le rythme se calme un peu lorsque sur les petites routes, l’échappée s’en va. C’est à ce moment que je parviens à remonter un peu et à l’avant, je me sens beaucoup mieux. Lorsque j’arrive en premier rideau, l’échappée est tout juste formée, là, à 100 mètres à peine. J’aperçois Perez surgir pour boucher le trou seul. Je ne suis qu’en 20e position, mais la route est étroite et je n’ai pas d’ouverture. Je ne peux qu’attendre. Le rythme se calme. L’équipe leader, Top 16, essaie de s’installer en tête de peloton. Je sais que le premier GPM répertorié approche et au briefing, il avait été coché comme secteur pouvant être décisif. Placé au pied, c’est à cet endroit que je décide de tenter ma chance.

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Je suis une attaque de Mathieu Teychenne avec un petit temps de retard dès le pied de la bosse. Il faut se faire mal, très mal. Mais je tiens le choc. Je suis dans mon élément. Lorenzo Manzin, Romain Faussurier sont autour de moi. Je ne regarde pas trop autour, je sais jusque que je suis le seul CCF dans ce groupe. Je ne suis pas le plus fringuant mais je tiens la barre. Me retrouver ici me regonfle à bloc. Je voudrais bien que cela ne reste pas vain. Il y a un vrai écart, notre groupe compte maintenant une quinzaine de coureurs et le peloton n’est plus là. L’organisation est mauvaise. Je relance un peu l’allure, pas au courant que Pierre Latour est dans l’échappée à l’avant. Le scénario ne tourne pas en notre faveur puisque le peloton réagit. Cela se regroupe, mais je suis bien encore et le vent a aligné tout le monde : je suis toujours dans une position avantageuse. Je sors une nouvelle fois, pas très longtemps. Tout le monde se calme. On sort de la portion stratégique. Top 16 reprend le manche. Cela ne bouge plus.

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Je m’applique dès lors à rester placé avec tous les autres collègues. Nous sommes là, en second rideau, jusqu’à l’entrée du circuit final. Il ne reste plus qu’à attendre que la course bascule dans un sens, ou dans un autre. Pierre, à l’avant, est longtemps virtuel leader du classement général : la situation est plus que jamais à notre avantage. A l’occasion d’un premier tour calme, je prends mes marques sur le circuit. Deux petites bosses s’enchaînent, pas difficiles mais usantes ; et à l’issue de la seconde, la route est descendante jusqu’au dernier virage, à 600 mètres de l’arrivée. Cela me plaît, mais je n’ai pas trop le sprint en tête, je pense plutôt à essayer d’être de nouveau présent lorsqu’il y aura des offensives. Au fil du circuit, s’alternent les périodes où je me sens bien, et celles ou je subis davantage. Le tour suivant me rassure. Lorsque je comprends que la situation ne changera pas avant l’arrivée, je pense au final. Au pied de la dernière côte, à 6 kilomètres de l’arrivée, je tourne dans les 10 premiers du peloton.

Cela attaque, je reste à l’affut, je sais qu’il ne faut pas se dévoiler trop tôt. Cela monte très vite sur le sommet : après tout, c’est le final. Tout le monde est au max. Soudain, je sens les toxines monter beaucoup plus vite que d’habitude. Je suis le premier surpris de devoir m’écarter des 15 premières positions alors que la bosse est terminée. Je perds 30 places, puis parviens à me recaler dans la file indienne. Dès le début de la descente, la route aidant, le peloton redevient compact et je me retrouve en troisième ligne, à tenter de remonter tant bien que mal.

Le final est très nerveux. L’échappée est reprise mais je n’y fais pas attention, cela ne change rien pour moi. Il faut à tout prix être placé. Seulement, ma journée m’a laissé des traces. Je ne suis plus tranchant comme je l’ai été pendant quelques kilomètres un peu plus tôt. Parce que je suis à l’aise en peloton, je parviens à remonter en filochant, mais pas autant qu’il le faudrait. Autour de moi, 4 autres coureurs de Chambéry sont très bien placés, juste quelques places devant.

Sous la flamme rouge, je suis enfermé par une vague sur la gauche, que j’avais pourtant bien anticipée comme les autres, mais le physique ne répond plus. Je vire en 30e position au virage. Si vraiment j’avais été en grande forme, j’aurais encore été capable de remonter et de rentrer dans les points. Mais de nouveau les jambes me coupent comme un peu plus tôt, comme sur chacun des sprints auxquels j’ai pris part depuis le début de saison (à l’exception de celui de la 2de épreuve des Boucles du Haut-Var). Je me relève et passe la ligne aux alentours de la 60e place. Nico Denz est notre seul coureur dans les points, aux portes du top 10.

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Il ne reste plus qu’une étape à couvrir, mais quelle étape, avec 167km demain. Je suis inquiet de la façon dont mes sensations se sont dégradées aujourd’hui. Avec raison : je sens déjà que la récupération sera mauvaise.

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