#7 Interrégion Martigues
#7 Interrégion Martigues

#7 Interrégion Martigues

Pas vraiment de stress au départ, on savoure le parfum de la course, la fierté de porter le maillot du rhône et un fameux dossard 1 qui nous laisse l’accès à la permière ligne. Devant il n’y a que du rouge et bleu. Dès le départ, on se pose en patron et on impose le rythme (faible…) jusqu’au pied de la bosse d’arrivée. Avec Damien on contrôle, on parle, on fait semblant d’être zen. Tout le peloton semble nous suivre dans notre train de sénateur, acceptant le calme avant la tempête que Romain Faussurier est le premier à déclencher un peu avant la bosse. Je ne vais pas vous faire croire que ça me surprend. En fait on le laisse même partir totalement, parce qu’au final, on va pouvoir rentrer dans le rang et obliger d’autres équipes à se dévoiler. Pour moi l’ordre de Bernard était clair : il fallait se cacher en première partie de course. Alors je commence à me laisser rétrograder, et puis boum. Je ne comprends pas ce qui se passe mais je tombe, le côté droit rape, puis je m’arrête. Dans la panique je me précipite sur le trottoir pour déjà éviter de me faire écraser par 92 chiens fous, puis je remets le petit plateau et me relance en crossman. A bloc. Quand je tourne pour arriver au pied du mur, je vois le peloton en haut. Tout seul c’est dur de se motiver. La bosse parait longue. La fin passe en sprint, on relance au sommet. Bernard me passe avec sa voiture et m’encourage. Le peloton est juste devant, plus que quelques mètres, c’est bon. Je joue des coudes pour remonter, et puis ça s’étire, alors je remonte dans le vent et me retrouve vite en tête. Romain est rentré dans le rang. Les gars se retournent et me demandent si ça va. Ca va. En plus, les sensations sont bonnes. Dans la bosse, ça bouge et je réagis facilement. Vraiment, j’ai les jambes. Quand ça accélère a l’approche de l’arrivée je reste devant et remonte un peu sur le sommet. Le peloton a diminué et si je n’avais pas pour ordre de rester caché j’aurais bien tenté de sortir fort. Je ne suis pas le seul qui a cette idée. Le plus entreprenant, c’est Guerric, suivi par Florian Esquer. Je suis nerveux, ça bouge, je demande aux gars de réagir aussi. Peters et Albrand tentent de sortir aussi mais Jérémy roule et ça rentre. Alors un peu avant le virage en épeingle je vois Cédric contrer. Dans ma tête je le congratule et je me dis que c’est son jour. Un isérois et un Rhodanien devant : course verrouillée. Avec Damien, Kévin et Jérémy, on fait un gros travail pour sauter dans les roues de tout le monde. Ca s’étire, ça craque presque un peu parfois, en tout cas, ca égrène. L’écart est rapidement stabilisé autour des trente secondes visibles dans la bosse d’arrivée. La descente passe et puis un gars de la savoie sort fort. En chasse patate tout seul il ne rentrera pas et puis la savoie nous aiderait à bloquer la course alors on le laisse. Mais à l’épeingle la réaction de Chamerat me surprend : il relance très fort, si bien que tout le monde se regarde. Mal placé, je me fraye un chemin rapidement et sors. Je gratte mètre par mètre, mais Pierre André derrière aussi. Ca rentre et j’ai mal aux jambes. Je rentre dans le rang en espérant que ça ne contre pas trop. Evidemment certains profitent qu’on se soit rapproché de Chamerat pour rouler ou attaquer. Je résiste, des petits écarts se forment, et on revient tout près de Chamerat. La loire est très active et se sent piégée. La haute savoie aussi. Au fur et à mesure que la course devient nerveuse et que je joue son jeu, j’ai de plus en plus de mal à suivre. On hésite à rouler ou pas, sachant qu’il y a maintenant deux de nos rivaux isérois devant. Mal placé, je vois Faussurier sortir. Tactiquement c’est mal joué : au milieu de la première bosse, très fort, tout seul. Il ne me fait pas plus peur que ça. Puis dans la bosse d’arrivée, je vois que tout se regroupe : Cédric, Guerric et Florian Esquer se font reprendre par le savoyard de la Motte Servolex et Antony Chamerat. Faussurier est juste derrière ! Dans la bosse Jérémy Couanon sort fort. Ca réagit. Surpris par mes jambes, je suis complètement coupé dans mon effort. Tout le monde me passe à gauche, à droite. Je me dis que dès que je rentre je me cale derrière et je bouge plus, j’ai surement fait trop d’efforts en début de course. Et là, catastrophe, mon dérailleur se fout dans les rayons. Sans trop me demander pourquoi je remets la chaine, repars, me rends compte que je suis sur la plaque, redescends et repasse le petit plateau… Quelqu’un me pousse pour repartir. Je relance à fond mais je n’ai pas de point de mire. Tout seul dans la pampa. Je double un chambérien qui s’accroche mais a du mal à passer. Puis dans la bosse je rentre sur un groupe de lachés avec Anthony Tona, Alexandre Albrand, Loic Breysse, Thomas Lassaigne, quelques gars de l’ain. Je fais pas mal de boulot, jusqu’au bas de la bosse où on reprend Faussurier et où Albrand et Tona attaquent. Moi je craque encore une fois avec Romain puis on recolle. Dans la bosse on reprend Axel Merle, et puis je craque complètement je ne sais plus quand. Je me sens vide et quand la faim monte, je comprends enfin que je suis entrain de faire une fringale. Je devais manger dans le 2e tour mais à cause de la chute, j’ai oublié. En route j’ai d’ailleurs perdu un bidon et puis mon dérailleur est tordu. Je suis à nouveau tout seul dans la pampa et cette fois en pleine déroute. Le coeur est très bas mais je ne peux pas aller plus vite. Le papa de Damien n’a rien, alors je mange ma petite barre de céréales au chocolat mais ça ne suffit pas. Au tour suivant, le dernier, je récupère une pâte de fruit à la fraise. En temps normal, j’aime pas, mais là je me souviens du moindre détail. Des coureurs me passent, parfois même ils ont un tour de retard. A la fin, je vois même un civil qui me revient dessus sur un superbe vélo Canyon à jantes hautes…
Je voudrais remercier le papa de Damien pour ses ravitaillements, sa maman pour toutes les photos et vidéos ; monsieur Demollière et Bernard pour leur aide mécanique et leurs conseils ; la maman de Pierre André et le papa d’Antony pour leurs encouragements, et puis toute l’équipe du Rhône, Adrien, Damien, Cédric, Kévin et Jérémy. Tu vois, c’était tout ou rien, finalement c’est tout et je suis vraiment hereux pour toi.
Dans tout ça, Pierre André sort à un ou deux tours de la fin avec Florian Esquer qui aura vraiment fait toute la course échappé, Jérémy vient cueillir une magnifique 3e place, Cédric la 11e au sprint, et Kévin 25e qui rentre dans les points.
1. Isère
2. Rhône
3. Alpes Maritimes

Edit : je fais pas 84e à deux tours comme le dit le classemment officiel, faut pas abuser non plus… Je ne me prends pas de tour donc je suis autour de la 50e