#5 2/3/J Montverdun
#5 2/3/J Montverdun

#5 2/3/J Montverdun

Le lendemain de Saint Romain, je devais initialement être au départ de la Transversale des As, pour une course d’un autre niveau et d’une autre envergure. Mais au vu du bilan du début de saison, et d’un problème de genou qui m’a empêché de m’entraîner correctement ces dernières semaines, je fais le choix d’aller courir avec Rémy Hoffmann à l’interclub de la loire, en 2e catégorie. Le niveau est plus qu’abordable, puisque seuls les coureurs licenciés dans la loire peuvent prendre le départ : nous ne sommes pas plus d’une soixantaine.
Le circuit est un grand triangle de 6 kilomètres, sur des routes plutôt larges et roulantes. Aucun dénivelé : la course s’annonce tactique, d’autant plus que de belles équipes de 2e catégorie sont venues en force, avec Pélussin ou le ROC. Pas d’autre choix pour nous, que de calquer notre course sur la leur, en espérant ne pas se faire piéger pendant les 82 kilomètres de course. La tâche ne s’annonce pas facile…
L’échappée pourrait sortir à peu près à tout moment, alors deux tactiques s’imposent : aller dans tous les coups, ce dont je me sentirais éventuellement capable mais je m’expose évidemment à un contre au bout d’un moment, ou choisir les coups, d’autant plus que nous sommes deux, mais les choisir comment ? Je me base sur les coureurs de Pélussin qui tentent de sortir. Rapidement, je remarque que ceux qui sont certainement les deux plus forts, Gérald Perrin et Mickael Brun vont moins dans les coups que les autres, bien que Mickael aie du mal à se retenir. Je choisis donc de ne prendre que certains coups, lorsque je suis bien placé ou que la situation paraît plus propice ; la plupart du temps ça se reforme, et quand ce n’est pas le cas, Rémy se dévoue toujours pour relancer la course au bon moment. Au bout du 3 ou 4e tour, le ciel s’assombrit à l’horizon et je pressens l’arrivée d’une bonne averse : je décide de l’anticiper et d’en tirer parti. J’ai pris le départ de la course avec des précautions : jambières, gilet, casquette, sur-chaussures. Ce n’est pas le cas de grand monde. Lorsque l’averse s’abat sur nous un peu avant la mi-course, je m’attends à ce que la course se durcisse et que, peut-être enfin, un coup s’en aille définitivement à la victoire, duquel je me dois d’être. Dans un groupe de 6 ou 7, je serais difficile à battre. Je redouble donc de présence dans les coups, qui ne cessent de se former de façon plus ou moins efficace. Malheureusement, la course ne bascule pas pour autant. J’ai des périodes où je suis très moyen physiquement, alors je choisis de me faire oublier. Le vrai tournant de la course, lui, se produira à trois tours de l’arrivée, lorsque les hommes verts de Pélussin se placent en tête de peloton. Ce scénario me rappelle celui de Bohas, avec le team Vulco. Cela signifie qu’un coup ne partira pas aujourd’hui à moins qu’ils se fassent déborder dans le dernier tour ce qui par conséquent paraît peu probable. Je mise tout sur le sprint, c’est ma chance.
Sous la cloche, la course change effectivement de physionomie, mais personne ne tente de rompre le train vert, c’est trop tôt. D’un autre côté, puisque personne ne s’y colle, le scénario du sprint prend de plus en plus de crédit. Je reste placé devant, avec la roue de Mickael Brun comme repère, mais aussi celle de Pierrick Jelen dont je me méfie. Tout le monde devient dangereux sur un sprint mais je me fixe sur les valeurs sures. A partir du dernier virage serré, à deux gros kilomètres de l’arrivée, il devient plus difficile de se replacer et je suis encore en seconde partie de peloton, autour de la 30e place. La route est large, je me me soucie pas trop mais c’est le moment de remonter. Je choisis le côté droit, et prends la roue d’un coureur qui remonte comme il peut. Me revoilà parmi les 20, puis une nouvelle vague m’en écarte. Je fais le choix de garder le cap quand même. C’est l’épreuve des nerfs. L’arrivée se rapproche très vite et ça se sent : le rythme est de plus en plus élevé. Un coureur remonte très fort juste à côté de moi et je me jette dans son sillage me disant que c’est le dernier moment pour se replacer. Lui, il cherche à sortir, il reste 800 mètres. Me voilà dans sa roue, je le laisse rouler, pas question de donner un relais. Je me retourne, petite file indienne, puis grosse tête de peloton qui n’en peut plus d’attendre. Le sprint va être lancé dans peu de temps. L’attaquant se retourne, temps mort. Vite, ne pas se faire enfermer. Ca remonte, le trou se bouche, Rémy relance violemment sur la gauche de la route et prolonge son accélération, ce qui m’ouvre la porte de nouveau. En même temps, c’est Quentin Driot qui lance le sprint tôt, à 300m. Je me jette dans le sillage. Sur la droite de la route, il n’y a plus que lui dans mon champ de vision. Je voulais un sprint long pour ne pas être gêné et développer toute ma force : je commence à produire l’effort. Je toxine beaucoup, j’emmène un braquet énorme que je peine à emmener. J’ai l’impression d’aller beaucoup moins vite à l’entrainement et j’attends que quelqu’un d’autre me déborde sur le côté. Et comme souvent à l’entrainement, ce n’est pas le cas. Je comprends que j’ai enfin la victoire que j’attendais.
1. Bossis Tom (CR4C Roanne) J en 1h56’46
2. Driot Quentin (ASOS St Galmier) J mt
3. Ducros Bastien (VC Roannais) J
4. Cigolotti Pierrick (UC Forez 42) 3
5. Challemet Pierre (EC St Etienne Loire) J