#30 2/3/J Tour du Bourbonnais étape 1
#30 2/3/J Tour du Bourbonnais étape 1

#30 2/3/J Tour du Bourbonnais étape 1

Etape 1 : Gueugnon – Marcigny, 125km

Le Tour du Bourbonnais est la seconde des trois courses par étapes de début juillet, et représente la dernière occasion de se tester avant le grand rendez-vous de juillet, le Tour du Valromey qui commence jeudi. Après ma victoire sur le Tour de la CABA le week-end précédent, beaucoup de monde m’assure que « tu verras, tu trouveras ça facile » mais ce sont deux courses incomparables, et même si celle-ci est classée au niveau du dessous, l’organisation mise en place est bien plus impressionnante que celle de la CABA, et le niveau relevé malgré tout. Mais surtout, c’est le long contre-la-montre du dimanche matin qui contrarie mes espoirs au classement général, 18km de Charolles à Paray le Monial, c’est beaucoup trop important pour moi et les écarts promettent d’être irrémédiables, d’autant qu’il a attiré de nombreux spécialistes et beaucoup d’équipes sont armées pour défendre un maillot de leader. Le parcours de l’après-midi ne s’annonce pas assez sélectif pour permettre de renverser une situation. En revanche, les deux étapes en ligne de ce week-end sont taillées pour mes qualités, peut-être encore presque trop faciles car j’ai beaucoup travaillé en montagne et un peu plus de dénivelé éliminerait certainement plus d’adversaires, mais largement à ma portée. Revenir avec une étape serait l’idéal avant de faire mes bagages pour le Valromey. L’équipe de Roanne ferait presque pâle figure à côté de celle du week-end précédent, mais il y a tout de même de quoi faire de nous l’une des favorites, avec Thomas et Valentin, l’estonien Mikhel Raim et notre coureur/soigneur Rémy pour compléter l’effectif.
L’étape du jour est la plus longue et la plus exigeante du week-end et c’est sur celle-ci que le Bourbonnais choisira ses prétendants, la bagarre promet d’être longue en début d’étape et les organisateurs ont tracé un parcours propice aux attaques, à travers les monts du Brionnais et quatre petits cols qui se succèdent en début d’étape sur les 70 premiers kilomètres, avec un niveau de difficulté à peu près crescendo. Après une portion de plaine à hauteur de la Clayette le retour vers Marcigny se fera par une dernière côte répertoriée à 10km de l’arrivée, puis une longue portion descendante, et un final très tortueux ponctué par une dernière côte à 4 kilomètres de l’arrivée.
Je retrouve la tension d’un départ fictif régional classique après ceux de la CABA, dont je n’ai pas assez profité. Je n’ai pas le goût d’aller défendre ma place à l’avant et je préfère me caler derrière pour être tranquille encore quelques instants. De toute façon, un long départ arrêté dans un bosquet redistribuera rapidement toutes les positions, avec dans l’ordre, les plus malins, puis les moutons, puis ceux qui avaient défendu leur place dès le départ, puis ceux qui sont allés pisser.
En revanche, dès le départ réel, trainer à l’arrière s’avère beaucoup moins drôle et me rappelle à quel point la majorité des juniors ou des 3e catégorie sont dangereux. Le souvenir de la chute massive d’il y a deux ans me coupe l’envie de me replacer malgré tout, et je ne sais pas comment résoudre le dilemme placement/sécurité. Je mets longtemps à prendre ma décision puis je me décide à remonter malgré tout, car si aller frotter avec des dangers publics ne me rassure pas vraiment, trainer au beau milieu de leur horde m’inspire encore moins. Je choisis le côté droit, manque de me faire balancer dans le fossé à deux trois reprises, alors choisis le centre. C’est finalement la meilleure solution, je force un peu le passage parfois et passe malgré tout une grosse dizaine de kilomètres à remonter en bouchant des trous et en me faufilant dans le vent. Le peu de turn-over dans les 30 premières positions ne me facilite pas la tâche car le rythme est élevé, mais les positions figées et tout le monde est bien trop concentré sur la roue qui le précède pour avoir une quelconque réaction de bon sens. Je sors finalement la tête de l’eau après une petite vingtaine de kilomètres, avant de la rentrer de nouveau, il n’y a rien à tirer de la course pour l’instant.
Après avoir disputé le premier rush qui s’avérait en fait être un simple signaleur agitant son drapeau, je me félicite d’avoir fait l’effort de remonter puisqu’on arpente maintenant des petits chemins de campagne au milieu des champs, trop peu garnis pour nous protéger du vent d’ailleurs. Mais cette portion est de courte durée et l’approche de la première côte répertoriée coïncide avec le retour sur une route plus large, ce qui permet comme depuis le début à un groupe de coureurs échappés de se former. Celui-ci n’a guère plus de crédit que les précédents mais le sommet approche, les coureurs de tête à peine vingt mètres devant nous ne coopèrent pas, c’est le moment parfait pour revenir sur eux et passer faire les points de la côte. Le sommet est malheureusement jugé encore un peu plus loin et je ne prends qu’un ridicule point, de toute façon, ce petit strapontin n’en valait pas la peine. J’espère que les prochains « cols » ressembleront à autre chose…
Malgré tout, à partir de ce premier passage accidenté, pas mal de coureurs semblent avoir revu leurs ambitions à la baisse et les attaquants ainsi plus forts et moins nombreux, trouvent plus facilement l’ouverture. La conclusion est simple à tirer avec le recul mais sur le moment, je manque de clairvoyance et pas un seul Roannais ne se retrouve à l’avant, malgré qu’une vingtaine de coureurs aient pu trouver l’ouverture. Je réfléchis rapidement et décide de prendre mes responsabilités, même si je suis-je seul à user des cartouches, je ne veux pas que la course ne s’endorme. Bien m’en prend, l’écart stabilisé un coureur attaque pour boucher le trou, le reste du peloton prend son sillage, et petit à petit, l’écart diminue de nouveau, avant de disparaître.
La course n’a rien donné jusqu’ici. Mais le scénario semble de plus en plus tangent, et le peloton chaque fois plus friable ; si bien que dans le petit col suivant, un groupe plus sérieux se forme, avec Mikhel Raim et bientôt moi-même, lorsqu’à la faveur d’un gros effort, je parviens a en accrocher la queue in extremis, juste avant la bascule. Ce coup ne donnera rien non plus : trop conséquent et pourtant malgré une belle avance dans un premier temps, il finira par se faire reprendre. Statut quo, toujours rien. Valentin joue et gagne la prime de 100€ distribuée plus loin, avant le GPM suivant, que je tente de nouveau de disputer mais qui me file encore entre les doigts, au profit d’Aurélien Lapalus et de Thomas Boulongne.
Ce n’est que dans le troisième, toujours un peu plus difficile que les précédents, que la course va prendre une autre tournure : les gros bras se regardent encore dès le pied, je suis vigilant et toujours bien placé mais seulement dans l’optique des points du sommet, que me dispute le coureur du VC Cournon Florent Pereira. A la faveur de la descente, je constate que le peloton est resté sans réaction, et se joint bientôt à nous le Creusotin d’un jour Loïc Ruffaut, ainsi qu’un peu plus loin, un coureur de Mandelieu, pour quelques kilomètres. Je comprends rapidement que l’échappée décisive du TBCO est enfin entrain de prendre forme, lorsque bientôt nous rejoignent d’autres coureurs, avec notamment Andy Voisey, Théo Cozzi, Paul Bergé, Guillaume Bard… Je récupère enfin les gros points au sommet de la côte de Baubery, pour prendre la tête du classement des grimpeurs, comme je le souhaitais et de prendre part à cette échappée me permettra au moins de me placer dans ce classement là. Le groupe trouve enfin des routes à sa convenance, car avant de rejoindre la Clayette dans une vingtaine de kilomètres, le relief s’adoucit, mais la route ne se redresse pas pour autant et continue de serpenter au gré des légers vallons, ce qui est à notre avantage. Les voitures suiveuses montent à notre hauteur, mais l’écart peine à dépasser la minute. L’entente n’est pas toujours aussi régulière mais je tiens mon rôle, reste discret, ne cherche pas forcément à relancer le groupe, même lorsque le peloton n’est plus pointé qu’à 25 secondes. Je commence à savoir gérer ce genre de situation. Je pensais pourtant qu’on finirait par être repris, me disant qu’une équipe a du prendre la chasse à son compte mais finalement, ces 25 secondes ne seront jamais comblées, malgré le retour d’un contre peu après la Clayette.
Le dernier col se profile enfin et, avec son sommet à moins de 20km de la ligne, laisse entrevoir la perspective d’un changement de scénario, auquel tout le monde est vigilant dès les premières pentes. De mon côté, le vent a tourné en quelques kilomètres, car après une micro averse au passage de la Clayette d’à peine deux minutes, les sensations ont rapidement viré au rouge, mes muscles n’ont pas trop apprécié… Je reste persuadé d’être dans les plus frais et lorsque Loic Ruffaut attaque presque dès le pied, je suis surpris et attends la suivante. Elle se fait attendre, Loic prend du champ et lorsqu’un abruti sur le bord de la route nous lance à l’entrée d’un virage « plus que 500 mètres, les gars » ; je panique et attaque maladroitement, pour prendre un temps de retard que je paye rapidement. Je parviens quand même toujours à accrocher les roues, mais je me fais violence, et perds encore quelques points au dernier classement GPM que Guillaume Bard me dispute, sans trop que je ne comprenne pourquoi. La descente arrive ensuite, et avec elle, les attaques reprennent, et chaque fois je me fais piéger, je mesure mal la pancarte que je porte forcément après mon Tour de la CABA et avec le maillot de champion Rhône Alpes sur le dos. Je ne peux pas non plus compter sur ma force physique pour complètement inverser la tendance, même si je suis encore fort, d’autres le sont autant et parviennent à mieux s’en servir. Au gré des attaques, Loïc Ruffaut est repris à 10km de l’arrivée et je perds encore le contact d’un groupe de 4-5 coureurs, avec en son sein les plus volontaires faut-il croire, puisque les coureurs restants ne mettent pas beaucoup d’énergie dans la poursuite, que je dois souvent assumer avec les mêmes. La dernière côte à 5 kilomètres du but doit finir d’établir les positions, et comme je compte bien encore modifier un peu la hiérarchie, je place une attaque sèche dès le pied de cette côte.
Mais cette fois, c’est la catastrophe. Alors que j’avais un peu gros et que la pente s’inclinait un peu plus, je tombe maladroitement le petit plateau, que la chaine ne rencontre pas, pour aller tomber un peu plus loin contre le cadre. Je pédale quelques instants dans le vide et comprends vite, je plonge la main pour remonter la chaine mais je ne la trouve pas, je n’ai plus de vitesse et dois descendre du vélo. Je tente de la remettre trop vite mais le dérailleur avant est sur le passage, je me mélange un peu. Quelqu’un descend de la voiture suiveuse pour venir m’aider, je le laisse faire, et il finit par y parvenir. Je remonte sur le vélo, redescends toutes les dents en faisant attention cette fois à ne pas faire de bêtises, les mains et bientôt le maillot noirs de cambouis. Les derniers coureurs sont entrain de basculer au fond de la ligne droite. Je relance fort et démarre pour un contre-la-montre, même si je sais déjà que j’ai perdu l’étape… Je reçois les encouragements de Benoit Luminet bien placé pour le coup, qui a raté le déraillement pour pas grand-chose. Je n’attends pas que les toxines montent pour rouler à fond, je négocie bien les quelques virages un peu rapides, et accroche la queue d’un groupe de deux coureurs avec Lucas Papillon et un annécien. Leur soutient sommaire me soulage malgré tout et je les ramène sur la queue du groupe auquel j’appartenais avant l’incident, je suis rentré vite, mais c’est trop tard pour la victoire : il ne reste plus qu’un kilomètre.
Je ne m’arrête pas là et puisque les autres coureurs se regardent, je repasse devant, et assume presque seul la poursuite jusqu’aux 500m. Par bonheur, un coureur reprend la tête lorsque je la lui donne et je peux souffler quelques secondes, qui suffiront pour que je termine second du sprint, et donc 6e de l’étape à finalement… 7 secondes de la victoire seulement.
Au vu de l’écart à l’arrivée, après avoir perdu bêtement 30 secondes en déraillant, je peux quand même nourrir des regrets. J’étais finalement peut-être quand même dans les 2, 3 plus forts et au sprint, pour la gagne, le scénario aurait pu me convenir. Je ne peux m’en prendre qu’à moi, j’ai décidément enchainé les erreurs aujourd’hui, mais c’est le moment de se tromper. Il me reste deux maillots à défendre (le blanc, que je décroche logiquement mais aussi les pois, puisque je suis second du classement à 3 points du leader, Loic Ruffaut) ; ainsi qu’une placette au général et surtout une étape à aller chercher. En revanche, les autres roannais ont eu plus de mal à terminer, à commencer par Mikhel qui pourtant bien revenu dans le bon coup après la Clayette ne m’aura accompagné que 2km à peine, ainsi que Thomas et Valentin, qui se contentent d’une place dans le peloton principal à deux grosses minutes. Le Bourbonnais commence juste pour nous et se poursuivra dès demain matin par un long contre-la-montre de 18 kilomètres, entre Charolles et Paray le Monial, qui devrait décider du classement général.