#27 1.1 UCI Tour du Valromey étape 3
#27 1.1 UCI Tour du Valromey étape 3

#27 1.1 UCI Tour du Valromey étape 3

On passe de nouveau un cran avec l’étape d’aujourd’hui.
Plus vraiment de plat, avec un col de première catégorie dès le départ, le Col de Richemont. S’enchaînent ensuite presque sans replat celui de la Cheminée, de Cuvillat, de la Rochette et de la Vieille Lèbe avant une longue descente sur Artemare. L’arrivée est de nouveau jugée au sommet d’un hors caté made in Gambade, à Vieu en Valromey. Pour pimenter le tout, une jolie drache dès qu’on ouvre les volets, qui se calmera un peu avant le départ pour mieux repartir ensuite. Toute l’étape se déroulera sous des trombes d’eau.
Etape 3. Bellegarde sur Valserine – Vieu en Valromey, 102km
Le fictif d’aujourd’hui consiste à éviter une trainée de gasoil laissée là par un véhicule de la caravane, tout en veillant à ne pas prendre trop d’eau dans la figure de part les coureurs qui précèdent. La borne géante marquée “km0” tient compagnie à celle marquée “GPM 9km”. Il s’agit donc de se placer immédiatement devant sans pour autant gaspiller l’énergie qui s’avère précieuse au vu du peu d’occasions qu’il y aura de se refaire une santé, et de la distance pendant laquelle il va falloir tenir. Un point chaud rapidement effacé, une courte descente et c’est déjà parti pour les premières rampes. Je ne suis malheureusement qu’en 40-50e position, mais je ne peux guère faire mieux. Pour le moment je gère mon effort, le rythme est soutenable et je suis à l’affût des ouvertures qui pourraient éventuellement se créer sur le côté. Je tente d’abord en prenant le sillage des motos qui doublent le peloton encore très compact par la gauche, mais cela nécessiterait une trop grosse débauche d’énergie. Pas d’autre solution donc que de faire sa place par le milieu. Je jette parfois quelques coups d’oeil à l’avant qui ne me rassurent pas vraiment, puisque ça n’a pas encore vraiment bougé. Au fur et à mesure que le dénivelé s’accumule, le peloton s’étire et le coeur s’affole. On pénètre bientôt dans un sous-bois, que j’avais identifié comme marquant les trois derniers kilomètres.
Cette fois plus question de remonter, seulement de s’accrocher. Même quand j’ose un coup d’oeil derrière et que je me rends compte qu’il n’y a plus personne. Je choisis de remonter à mon rythme 3 ou 4 places, puis de plafonner. Il faut que ça bascule, coûte que coûte ! J’aimerais bien pouvoir compter sur la descente sinueuse et granuleuse, mais comme la veille elle n’intervient qu’après un inquiétant replat. J’essaie en fermant les yeux, peut-être que ça fait moins mal. En tout cas, les kilomètres s’enchaînent et pour le moment ça tient, bientôt apparaît le panneau du kilomètre. Un belge laisse un trou que je comble tout de suite ! Je suis dans le rouge. Pas d’autre choix que de laisser redescendre un peu la pression. Nous voilà distancés. Il me relaie, une voiture nous double, puis deux. On passe la ligne du GPM à une dizaine de secondes de la queue du peloton. Deux autres voitures nous passent. On relance tout de suite ! Je sais que cette fois ça va bientôt descendre, donc je n’hésite pas à carrément sprinter quitte à me mettre en surrégime. Ca y est, la pente s’incline et me revoilà dans les roues après deux-trois virages bien négociés. Je choisis de me replacer du mieux possible, alors je continue à forcer le passage à chaque courbe. Le peloton s’étire sur deux kilomètres au moins, et des micro-cassures menacent de bientôt se concrétiser par des fractures véritables une fois de nouveau en prise. Je peux faire l’état des lieux lorsque la route s’aplanit : je suis de retour dans la première partie du peloton, et derrière moi tout est morcelé. Le vent complique la tâche ! Ma bonne volonté me crie d’aller tirer des bouts droits devant pour aider Amandin à revenir sur une échappée que l’on aperçoit au loin, mais dans les faits c’est beaucoup plus compliqué malheureusement. Ils semblent être une grosse quinzaine au moins. Je cherche à gérer mes efforts car je sais que pour être déjà passé par là sur le Valromey cadet, le col de la Cheminée qui s’annonce est difficile mais roulant, donc potentiellement plus dans mes cordes. Je l’entame bien placé, pour rétrograder habilement et ainsi basculer du bon côté, après une montée qui m’a quand même paru longue. Celui-ci n’était même pas répertorié ! On souffle un peu, c’est plat maintenant, pour quelques kilomètres.
Je prends le temps de me relever, je reste derrière, je fais le point. Lorsqu’on est bien équipé, rouler sous la pluie en devient carrément agréable. Le peloton compte une quarantaine de coureurs, derrière la quinzaine échappée. Je décide finalement d’appeler la voiture pour récupérer un bidon, je me dis n’avoir rien à perdre. La voilà qui monte finalement, je décroche et je le prends au vol, puis je vais pour reprendre ma place. Un poil tard, nous voilà déjà à Hauteville pour le pied du col de Cuvillat : le plus raide… Je ne m’affole pas et je remonte petit à petit. Je temporise un coup. Une cassure se forme quelques coureurs devant moi, aie ! Quinze mètres. Tout de suite, je tente le saut de puce. Me revoilà à bientôt dix, puis cinq mètres. Je recolle presque ! Mais je suis à bloc et déjà, le trou se creuse de nouveau, pour bientôt atteindre le double puis le triple de sa taille initiale. Plus d’autre choix alors que de se relever et d’attendre le groupe suivant qui se trouve déjà beaucoup plus loin… Je retrouve malheureusement Amandin, piégé lui aussi. Je lui prends alors un long, long relai qui nous amène au pied de la dernière rampe. Le polar s’affole, 12, 13, 14 ; jusqu’à 15% au panneau 500m. A cet endroit la queue de peloton n’est qu’à 50 mètres, on peut presque la toucher. Mais lors de la bascule, on se rend compte que ce n’était qu’une illusion, puisque l’écart était bien de trente bonnes secondes. Cédric Pla bascule le premier dans la descente, 20m devant le reste du groupe.
Après 2-3 virages, je ne parviens pas à boucher l’écart, je doute. Il descend mieux que moi ! Jusqu’à ce que je le croise dans un fossé, ce qui me rassure, quelque part. Les quelques virages techniques permettent de creuser des écarts, mais en bas je me retrouve seul, le peloton hors de portée, et le groupe de chasse juste derrière moi. Je rattrape bien un allemand, je ramasse aussi Vincent Clerjon qui a crevé, mais rien de suffisant pour rentrer. On se relève donc et on entame déjà la montée du col de la Rochette.
Et déjà, Amandin s’envole tout seul à son rythme. Au bout d’à peine deux kilomètres, il disparait dans le sillage des voitures suiveuses, bien qu’on en ait fait de même derrière avec Cédric Pla et Vincent qui a recollé. Nous revoilà à trois, mais l’auvergnat ne peut décidément pas s’empêcher de prendre les devants, ce qui nous agace. Je roule donc une bonne partie du col avant de décider, devant le peu de collaboration de Vincent, de faire la jonction avec Pla. Je gère mes efforts pour recoller précisément au sommet du col : je me rapproche petit à petit, grignotte seconde par seconde et puis finalement on bascule à deux dans une nouvelle descente.
De courte durée cette fois. On traverse Hauteville, on passe devant l’hôtel. C’est terriblement plat, puis même bientôt faux-plat, jusqu’au symbolique col de la Lèbe : le temps de lui dire à demain, et il sera à l’occasion autrement plus difficile. C’est long, on s’emmerde, d’autant que mon partenaire ne jure que par rouler à bloc afin de remonter quelques pauvres coureurs ! Je trouve que ça ne sert à rien, alors je ne me donne pas à fond, du moins pas sur le plat. Quand ça redescend de nouveau, c’est moi qui prend les devants cette fois puisque lui n’a plus de freins. Bien m’en a pris de changer les patins la veille ! Nous sommes horriblement seuls dans la descente, par moments accompagnés d’un pauvre motard trempé en chemise fluo. Et ce n’est rien à côté de l’interminable portion plate ou quasi plate sur une grande route large, pour nous amener à Artemare. Absolument rien à signaler, jusqu’à ce qu’on retrouve Emilio Corbex qui s’est fichu par terre un peu plus tôt, en atteste l’herbe accrochée à son serrage de chaussures.
Il nous quitte presque aussi vite dès le pied du dernier col. Cédric Pla comme d’habitude, préfère essayer de le suivre. De mon côté je n’ai plus rien à attendre de cette étape, alors je monte tranquille. Tout sur le 39*27, et ce n’est pas suffisant lorsque la pente indique de nouveau 15%. Parfois, ça se radoucit à 7-8%, de quoi passer le 25 (Nicolas Carret m’a confié qu’il remettait la plaque). Malgré tout le grignotte mon retard sur Pla. Je n’aurais pas fait l’effort pour le passer si je n’avais pas entendu des encouragements dans mon dos destinés à un Europcar, qui m’obligent à en remettre une, je n’ai pas fait tout ça pour me faire bouffer à 500m de la ligne ! Je termine 43e, à plus d’un quart d’heure du triplé Stannah et de l’australien Watson, qui va s’emparer définitivement du maillot de leader.
1. Loncin Gilles (BEL, Stannah Museeuw)
2. Watson Calvin (AUS, Stannah Museeuw)
3. Eyskens Jeroen (BEL, Stannah Museeuw)
4. Benoot Tiesj (BEL, Lotto Cycling Team)
5. Rigaud Nicolas (FRA, Argenteuil Val de Seine)