CDF DN1 Grand Prix Souvenir Jean Masse
CDF DN1 Grand Prix Souvenir Jean Masse

CDF DN1 Grand Prix Souvenir Jean Masse

J’étais présent aujourd’hui sur la manche d’ouverture de la Coupe de France DN1, le Grand Prix Souvenir Jean Masse dans la banlieue marseillaise, qui lançait la saison élite avec déjà l’un des parcours les plus corsés de l’année en ce qui concerne le calendrier de la Coupe de France Look. Pour m’accompagner, la même équipe que depuis le début de semaine, à savoir Adrien Legros, Gabriel Chavanne, Dorian Lebrat, Benjamin Jasserand, Maxime le Lavandier et Pierre-Roger Latour.

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La course qui occupait déjà la même place dans le calendrier l’an dernier, se découpe comme de coutume en deux parties distinctes, deux circuits : une grande boucle relativement roulante à parcourir deux fois, puis une portion de liaison rejoingnant une petite boucle beaucoup plus difficile à parcourir trois fois. Au troisième passage, le parcours quitte le circuit et plonge vers Marseille pour les 10 derniers kilomètres.

Je retrouve donc la coupe de France après ma seule participation l’an dernier à l’occasion de Bordeaux-Saintes : la course s’était alors bien déroulée pour moi, avec une belle course d’attaque dans le final avec les costauds, meme si j’avais été trop court pour prendre part au sprint après 180 kimomètres.

La présentation, puis le départ fictif nous mettent dans le bain de la coupe de France, avec un niveau homogène, des trajectoires plutôt propres, un peloton compact et homogène. Je ne cherche pas trop à remonter. Je sais que je pourrais être tenté de faire quelques efforts inutiles alors que je n’ai absolument rien à gagner sur le début de course. J’observe de loin ce qui se passe à l’avant, j’aperçois simplement l’ardoisier annoncer un écart de 30 secondes sur un homme seul de l’AVC Aix en Provence, qui m’informe que le départ réel a été donné. Nous basculons déjà la première montée du jour sans que le rythme n’ait augmenté. Il n’augementera pas avant très longtemps.

La première heure et demie de course ressemble à une longue procession. L’écart augmente, ils sont désormais deux à l’avant, qui ne nous concernent pas vraiment. Nous savons que leur avance qui augmente maintenant fondra comme neige au soleil à l’approche des trois petites boucles du régage, lorsque le rythme augmentera naturellement dans le peloton et qu’ils ne représentent aucun danger. Il ne se passe pour ainsi dire rien du tout lors de la première boucle. Lorsque je baisse les yeux sur mon compteur, la moyenne indique 35km/h. Le peloton dort. Les pauses pipi se succèdent. Puisque j’en ai l’opportunité, je mange la moitié de mes ravitos, j’appelle la voiture à deux reprises pour replacer Vincent dans la file et rester au jus des dernières nouvelles et consignes. Mais quelque part, si cela s’amuse et rigole dans le peloton, tout le monde reste sur le qui-vive malgré tout.

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Le peloton se débride un peu à l’occasion de la fin de la seconde boucle, au fur et à mesure qu’il sent se rapprocher le circuit final. Je ne suis pas piégé, je reste placé, mais dans le passage d’un village au pied de la montée du circuit, en passant à gauche d’un terre-plein, je me trouve nez-à-nez avec une voiture. J’aborde ainsi l’ascension en queue de groupe alors que pour la première fois, le peloton embraye.

Alors que le compteur affichait péniblement 25km/h lors de la première ascension, cela roule cette fois-ci entre 32 et 35km/h. Autour de moi, les premiers coureurs en peine. Je dois boucher quelques trous. Je peine aussi un peu car c’est la première fois que le coeur monte vraiment, mais je me sais avoir encore une marge de 8-10 pulsations par minute alors que d’autres rétrogradent, même si ce sont les plus faibles. Je suis en confiance. Sur le sommet, je me replace rapidement et j’aborde la descente placé.

A partir de là, le rythme reste élevé et moi, je reste placé. J’assiste à la course. J’attends. De retrouver presque tous les chambériens en embuscade, cela me rassure. Crescendo, petit à petit, cela frotte de plus en plus. De mon côté également, la pression et la concentration augmentent, je sais que c’est maintenant qu’il faut être à 100% nerveusement. Tour le monde veut arriver placé sur le petit circuit : le mythique Régage se rapproche et il est de notoriété publique que seuls les premiers sont certains de basculer avec la tête de course à présent. Par conséquent, tout le monde tient à en être. Moi y compris.

J’en suis. Le circuit n’est plus qu’à 500 mètres à peine, et il ne reste plus que la descente avant le pied du régage mais je chasse de la roue arrière. J’ai crevé. Très calmement, je suis le protocole. Je lève la main tout en me laissant déborder par les autres coureurs : ils sont nombreux, j’étais bien placé. Je prends soin d’avertir tous les coureurs de l’équipe qui me dépassent que j’ai crevé car j’étais l’une des cartes “sprint”. Je reste au contact du peloton jusqu’à ce que la voiture arrive enfin. Elle arrive enfin. Je descends et je sors la roue. Stéphane Perrot, le mécanicien, arrive avec sa remplaçante. Il met un peu de temps à trouver le pignon, la chaine, l’attache rapide, le serrage optimal. Il serre. C’est long. En tout cas, cela me parait long. Je repars vite, il me pousse un peu, je remonte les dents, j’appuie.

Les voitures me doublent encore mais cela bascule et c’est le circuit. Je suis derrière la voiture de Dijon, la numéro onze ou douze, à peu près. Dans la descente, je fais une pointe à 86km/h. Déjà, c’est le pied du régage et à l’intersection, je double quelques voitures. Je les remonte une par une au pied, je veux revenir. La pente est douce mais irrégulière, parfois se cabre, parfois se redresse, parfois se courbe et moi, je continue à remonter. Les voitures, comme un accordéon, s’étirent à chaque ligne droite, se regroupent à chaque courbe. J’essaie de rester régulier.

Je double mes premiers coureurs : souvent des coureurs de Douai ou de Villeneuve-Saint-Germain. à la voiture 5 ou 6, je stagne. Je parviens à retrouver l’arrière de la voiture du directeur de course lorsqu’il y a barrage, mais le peloton non. Je l’aperçois enfin à l’occasion du raidard du sommet.

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Le raidard du régage, le mythe du Jean-Masse, est cette année encore noir de monde. La route se dresse brusquement entre 15 et 20% sur quelques hectomètres, pas longtemps. Au passage de la foule, dans la pente, je suis survolté. J’avale un groupe entier. J’espère apercevoir des roues, pas celles que je double, celles qui m’intéressent, celles du peloton avec lequel je pourrais basculer. Mais je sais que la cause est perdue, au sommet lorsque la foule cesse, de nouveau le silence et la douleur seulement.

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Je continue un peu, au-cas-où, mais ne se produit pas de miracle. A l’avant, la course continue. Je n’aperçois plus personne nulle part. L’écart est trop grand. C’est perdu. Au niveau du camion de l’équipe, non sans avoir accéléré de nouveau dans le groupe que j’avais accroché pour passer mes nerfs, je m’arrête.

C’est la déception qui prime, et je ne serai pas consolé à l’arrivée car l’équipe n’a pas connu un sort bien meilleur. Si Maxime et Pierre, les leaders désignés pour une course offensive, remplissent leur rôle à merveille et jouent avec les meilleurs, si Dorian et Adrien sont encore à l’avant pour entrevoir la victoire presque jusqu’à la fin, Gabriel est sorti, Benjamin puis Adrien stoppés par une chute, Dorian éliminé sur crevaison. A l’heure de faire le bilan, seul Maxime rentre dans les points du top 30 à la 27e place. Nous rentrons de marseille avec 5 points seulement, contre 160 pour l’Armée de Terre qui réalise le doublé.

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Résumé vidéo de la course par Vélo101