#12 CNJ Boucles du Canton de Trélon étape 2
#12 CNJ Boucles du Canton de Trélon étape 2

#12 CNJ Boucles du Canton de Trélon étape 2

Et une mauvaise nouvelle au réveil : j’ai pris froid pendant la nuit, comme quoi le nord ne vole pas sa réputation… Une bonne angine, avec mal de gorge, mal de crâne et état fiévreux, tout ce qui met en confiance avant le départ. Difficile de rester concentré et motivé. Le petit déjeuner passe difficilement. Dès l’arrivée sur le site de la course, la sensation se confirme, un froid de canard et du vent à décorner les boeufs…  Un rapide échauffement, histoire de ; un petit tour sur le podium et on se retrouve, comme d’habitude, en queue de peloton sur la ligne de départ.
Le fictif de 800m n’est pas suffisant cette fois-ci, bien sûr, pour se replacer à l’avant. Dans la première bosse du parcours, les coureurs qui n’ont rien à perdre tentent déjà de se faire la malle. J’observe de petits groupes se former, de loin quand je le peux, parce que pour le moment, la course se passe à l’avant sans moi. J’ai choisi l’option remonter plein centre, ce qui m’a permi de gagner une vingtaine de places mais dès lors qu’on arrive à la hauteur où tous les coureurs veulent remonter, je n’ai d’autre choix que de choisir les bas-côtés, et les quelques frayeurs qui vont avec… L’atmosphère est très tendue, et sur la fin du tour, je me résigne à rester derrière pour ne pas prendre de risque : la course, de toute évidence, ne se jouera pas maintenant.
Déjà le second tour de circuit. Le premier a du être couvert très rapidement. Seul en tête, le franc-comptois Rémi Aubert parti pour une mission suicide. Il est revu en haut de la petite bosse du début de tour : le GPM provoque des attaques et me permet, enfin, de prendre un peu de vent dans la figure à l’avant du peloton. Un groupe de 3 qui s’entend bien et disparaît rapidement de notre champ de vision, avec Cédric Pla, Matthieu Garnier et Thomas Bourreau. Les premiers temps morts dans le peloton se produisent à ce moment là. Les accoups et les relances se multiplient derrière et à chaque passage des petits taquets du parcours, mon dérailleur saute dans tous les sens et je ne peux plus me concentrer que sur lui. Je me déconnecte un peu de la course et de son déroulement. Je remonte à l’avant quand je le peux, pour constater que les trois échappés sont finalement repris au début du 3e tour. Une bonne intuition, puisque j’entends le fracas d’une chute derrière, je ne regarde pas. Un temps mort qui ne durera pas longtemps, c’est parti de nouveau pour la bagarre en attendant qu’une nouvelle échappée se forme. Les petites bosses sont montées très rapidement, je ne descends pas au-delà de la 30e place, ce qui reste relativement loin de la tête quand tout le groupe est en file indienne. Sur la longue ligne droite en faux-plat montant à hauteur du ravitaillement, Romain met les feux aux poudres avec une attaque de derrière dont il a le secret, bien sûr, prise en chasse par les deux tiers du peloton, mais les plus malins ne se relèvent pas une fois dans sa roue et un petit groupe casse de nouveau. Cette fois-ci, avec naturellement des hommes forts, Gestin, Destang, Guilcher, Jauregui et Kowalski et pour nous Ben Jasserand qui a flairé le bon coup. Tous les gros comités, il ne manque personne. La chasse s’organise derrière malgré tout, et le groupe reste à portée de fusil pendant une bonne partie du 4e tour, jusqu’à ce que sous la pression du peloton derrière, Benjamin n’attaque de nouveau pour s’isoler en tête. Pendant ce temps, j’ai pris la décision de m’arrêter sur le côté de la chaussée pour donner deux petits tours de tension au cable de dérailleur. Je gère bien mon affaire et repars juste derrière la voiture de direction de course : gâce au virage en équerre 100m plus loin, je retrouve la queue du peloton sans effort.
Les premiers tours de roues après ce réglage rapide me rappellent le confort d’un dérailleur mal réglé. Je croise Romain, qui lui revient dans le peloton après que sa roue arrière se soit… déserrée. Je remonte à l’avant et une nouvelle course commence pour moi : je me laisse griser par mes bonnes sensations, je prends du vent, et je tente d’aller dans les coups. Je participe activement à la grande bagarre qui se déroule lorsqu’on aborde la grande ligne droite dans la foret. Ca bordure un peu et à la pédale, les mieux placés prennent du champ : j’en suis, et je compte beaucoup sur cette échappée, car contrairement aux autres, c’est physiquement que la décision s’est faite, et on retrouve donc à l’avant beaucoup d’hommes forts.
Derrière Benjamin toujours seul en tête, qu’on aperçoit une centaine de mètres devant, je retrouve Lorenzo Manzin, Thomas Bourreau, Loic Bouchereau, Tony Periou, Thomas Greco, Lucas Papillon,  Florian Van Haverbeke, Quentin Jauregui et Thomas Boudat. Un groupe qui a des arguments, mais qui s’avère un peu trop nombreux après les premiers tours de roue ensemble. Lorsque nous reprenons Benjamin, nous nous retrouvons le seul comité à deux coureurs avec le Nord pas de Calais. Le groupe est relativement homogène mais certaines fortes têtes le désorganisent un peu, et passent leur temps à se retourner. L’avance monte jusqu’à 25 secondes, un écart qui commence à devenir intéressant. Mais la portion plate après le premier GPM du circuit nous est fatale, et lorsque le peloton se rapproche de trop, le groupe se désorganise, et se fait gober tout rond.
Je sais qu’il faut rester vigilant et que la prochaine peut toujours être la bonne. Il reste 5 tours et environ 70 kilomètres. C’est Paul Sauvage pour nous qui saute dans le coup suivant, en compagnie de Rudy Salibur, Axel Journiaux, Wadim Deslandes, Steven Kochanski et Rémi Aubert, et cette fois encore les principaux comités sont représentés. Ca bagarre toujours derrière mais personne ne parvient à créer de sélection, moi, j’accuse un peu le coup dans les 40 premiers du peloton. J’assiste en spectateur à l’attaque tout en force de Elie Gesbert, second du classement général, dans le premier GPM du circuit, emmenant Marc Fournier dans sa roue. Devant l’échappée se casse et à la pédale, la différence commence à se faire devant comme derrière, puisque s’isolent en tête Sauvage, Deslandes et Gesbert et que le contre comprend désormais Manzin, Guillo, Fournier, Kochanski et Guilcher. C’est lorsque ce contre est repris que le peloton se relève un peu, et que le trio de tête commence à prendre du champ : une bonne affaire pour nous puisque Paul est à l’avant et avec un coureur qui vise le général. L’écart monte progressivement jusqu’à 50 secondes puis la minute. Derrière, la distance se fait sentir petit à petit et les offensives se font plus rares, et un nouveau contre se forme avec Lionnet, Gestin et encore une fois Manzin, omniprésent. Dans tous les contres et à tous les échelons de la course, les coureurs bretons cadenassent en plaçant un de leurs coureurs systématiquement dans toutes les tentatives et lorsque notre DS remonte pour aller seconder Paul, il nous conseille d’en faire de même. Benjamin se remet de nouveau à la planche et s’isole avec Journiaux et Piveteau pour quelques kilomètres, mais pas suffisamment, car le peloton commence à réagir vivement. A deux tours de l’arrivée, alors que le trio de contre avait repris celui échappé, le groupe casse et Manzin et Gesbert sortent de nouveau en costauds à l’avant, laissant Paul, Wadim Deslandes et Axel Gestin se faire manger par le peloton.
J’aperçois Paul tout seul au loin, sur le point de se faire reprendre. Nous n’avons donc plus personne à l’avant. Juste au moment de la jonction, dans un petit taquet qui commence à faire très mal au fil des tours, je place une attaque violente.
Pas de réaction, les organismes sont entamés chez tout le monde. Un seul coureur est parvenu à prendre ma roue : Kévin Goulot, qui s’est fait discret jusqu’ici, mais qui je vais m’en rendre compte dès son premier relais, en a encore énormément sous la pédale. Je ne parviens pas à récupérer de mon attaque et je crois bien y avoir laissé plus de jus que je n’en avais. On retrouve la grande ligne droite en forêt et son faux plat montant s’apparente maintenant plus à quelque chose comme une montagne. Après m’avoir demandé un ou deux relais, Goulot comprend bien vite qu’il ne faudra pas trop compter sur moi dans l’immédiat, et pendant deux kilomètres, roule seul pour tenter de reprendre du champ sur l’échappée. Dans l’affaire, nous reprenons Aurélien Lionnet, qui naviguait encore en contre quelque part au milieu, qui lui n’est pas bien plus frais que moi et ne peut pas collaborer beaucoup non plus. Lorsque la pente se calme, je passe de nouveau quelques relais et avec Lionnet, nous assurons chacun un quart du travail, Goulot se chargeant de la moitié restante. Seulement, alors qu’on pénètre dans Anor la localité d’arrivée pour bientôt aborder le dernier tour, lorsque je passe sur le 14 dents, ma chaîne se bloque quelques secondes. Je perds donc le sillage du groupe et je n’ai pas suffisamment d’énergie pour recoller tout de suite, d’autant qu’il y a toujours un petit vallon pour m’en dissuader. Dans tout le passage d’Anor, puis sur la ligne d’arrivée ou retentit la cloche et où le speaker s’affole, je navigue seul à 3 ou 4 secondes du duo, je donne tout ce que j’ai, mais à la sortie du village, je dois me rendre à l’évidence et me relever.
C’est à ce moment que je réalise qu’un second groupe est à notre chasse, et lorsqu’il me reprend juste au pied du petit GPM, je retrouve avec plaisir Benjamin, en compagnie de Dylan Kowalski et Kévin Meslet, qui je le comprends vite, et lui-même aussi mal que moi pour le moment. Dylan est clairement le plus frais et me fait terriblement souffrir dans cette bosse, je croise les doigts pour que le groupe ne casse pas car je ne pourrais strictement rien faire, et je suis en quelque sorte bien content de retrouver un compagnon de galère comme Meslet. La bascule fait du bien, et ça passe pour moi, si bien qu’on se rapproche de nouveau des deux bourguignons, jusqu’à les reprendre. La route redevient plus plate, je peux de nouveau passer quelques relais. Ouf, j’ai réussi à rattraper une situation de course que j’étais à deux doigts de compromettre. Tout est encore possible.
Sur cette portion plus favorable, je me suis refait une santé. Je n’ai plus de peine à passer mes relais désormais. Et lorsque l’ardoisier remonte pour nous annoncer 29″ sur le duo de tête et surtout 1’25 sur le peloton, je me dis que ma place dans les 8 premiers est assurée, et je retrouve toute l’énergie pour me battre pour mieux encore ! Le second GPM me ramène un peu à la raison, je le passe à l’énergie mais je suis toujours là, et me sers du refuge des roues de Lionnet et Meslet qui sont un peu moins bien pour économiser quelques relais. Il ne reste plus que 4 kilomètres lorsqu’on aborde pour la toute dernière fois la grande ligne droite, sans virage jusqu’à la flamme rouge, et son terrible faux-plat qui encore une fois sera décisif. On aperçoit les deux de tête à 200m à peine devant. D’un coup, Dylan Kowalski place un relais plus violent que les autres, et si Goulot prend immédiatement le sillage, Lionnet coince et ne peut pas boucher le trou qui s’agrandit vite. Avec la force que j’ai retrouvé, je lui prends tout de suite le relais et tente d’organiser quelque chose pour rentrer au plus vite. Je prends un gros relais et lorsque je me relève, Benjamin contre violemment et rentre sur le duo. Un peu frustré, je me remets à rouler puisque je me retrouve piégé avec les deux plus faibles du groupe. Je n’ose pas gicler comme Benjamin l’a fait et compte toujours sur le soutien des deux autres. Mais c’est cette fois-ci Kévin Meslet qui surgit et qui peut lui aussi boucher seul le trou in extremis. Je me retourne, pour anticiper le coup si Lionnet compte en faire de même, mais lui ne peut plus même passer ne serait-ce qu’un relais. Je suis dépité et j’en veux aux deux coureurs qui m’ont lâchement contré alors que je tentais bêtement d’organiser quelque chose pour combler le trou. Lionnet, lui, est cuit de chez cuit et j’assure quasiment seul les deux derniers kilomètres jusqu’à l’arrivée. Il s’est résigné à prendre la 8e place, car le seul relais qu’il assure, sera à la flamme rouge jusqu’au pied du mur final. Je me retourne une ou deux fois pour constater qu’on ira bel et bien au bout.
Je démarre loin de l’arrivée, au milieu du mur, et le laisse sur place pour revenir sur les talons du quatuor de contre et surtout de Meslet mais il ne me reste vraiment plus un soupçon d’énergie. Je passe la ligne seul, à la 7e place, avec un peu de regrets sur le final, mais avec surtout la satisfaction d’avoir réalisé un sacré numéro au culot à 20 kilomètres de l’arrivée. J’étais très loin des meilleurs physiquement aujourd’hui, mais j’ai pris le risque d’y aller quand même et ça a réussi. Je remonte à la 9e place du classement général, et ainsi à la 11e du Challenge National. Une très belle expérience, et une grande première réussite sous le maillot Rhône Alpes. J’aurais bien aimé disputer le podium avec le reste du groupe, en gérant mieux mon final, j’aurais peut-être accroché la 5e place au mieux. Mais je suis déjà très content comme ça, d’autant que de se retrouver à deux coureurs dans le final nous permet de prendre la tête du challenge national par comités.
Etape 2
1. Lorenzo Manzin (La Réunion) J2 en 3h1’38” 
2. Elie Gesbert (Bretagne) J1 à 1″
3. Dylan Kowalski (Nord PDC) J2 à 19″
4. Kévin Goulot (Bourgogne) J2 à 19″
5. Benjamin Jasserand (Rhône Alpes) J2 à 19″
Général
1. Elie Gesbert (Bretagne) J1 en 3h17’20”
2. Lionnet Aurélien (Bourgogne) J2 à 47″
3. Piveteau Maxime (Pays de Loire) J2 à 49″
4. Manzin Lorenzo (La Réunion) J2 à 51″
5. Boudat Thomas (Aquitaine) J2 à 55″

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