#1 3/J Charols
#1 3/J Charols

#1 3/J Charols

Cette année une nouvelle marche est franchie. Après avoir été un grand parmi les petits me voilà de nouveau petit parmi les grands. La reprise se fait donc en 3 pour moi pour le moment, mais ça risque de ne pas durer très longtemps… On retrouve les polistes avec le sourire. Les organisateurs limitent la course à 190 partants comme chaque année, et comme chaque année ; bien leur en prend. Le long parcours de 18km se prête parfaîtement à une multitude de tests en ce qui me concerne : l’objectif est d’apprendre, se confronter à un peu toutes les situations. Je vais courir pour la première fois sans pression de résultat aucune.
Le lancement se fait en douceur, au milieu d’un environnement que j’adore : le peloton. Avec autant de gars devant toi que derrière, tu te sens protégé, mais pourtant paradoxalement ; chacun de ses éléments représente un danger. Même les yeux fermés tu peux deviner son humeur. Là par exemple, odeur de brulé, quelques crissements : il est tendu, nerveux. D’ailleurs, à l’odeur, tu peux même repérer les virages. Je rapelle des réflexes et des automatismes qui ne l’avaient pas été depuis… La coupe de france fin septembre. Ca ne roule pas, donc, remonter est peine perdue. D’instinct je conserve ma place sur la droite de la route, je comprends que les choses se sont établies naturellement. A droite, on recule, car on est protégé du vent ; sauf sur le côté par quelques petits sauts de puce. A gauche, on remonte, car le vent se ressent. Ainsi, une petite traversée au pied de la bosse suffit pour se retrouver dans la file montante et donc dans les premières positions le moment venu. Pour le moment calme plat : pas une attaque, pas une chute. Tout de même, on est pas en 3 pour rien, il faut bien que dans la bosse quelqu’un craque. Bien content que ça roule enfin un peu, j’en arrive même à mener toute la fin de la bosse. Bientôt, les premiers sacs se posent, les premières cassures se créent et après la bosse un gars au maillot noir se retrouve seul devant après avoir beaucoup insisté pour sortir. Les petits groupes qui s’étaient formés sur le plateau se disloquent, puis se regroupent au fil de la descente. Au retour sur les lignes droites ventées tout le monde semble avoir envie de se poser un peu. Alors, voyant une situation favorable à un premier test sérieux, j’attaque violemment sur la gauche de la route.

Vent de dos, le paysage alentour file très vite, même si j’ai l’impression que la route sous mes roues ne défile pas. Les coups d’oeil en arrière successifs me montrent un peloton de plus en plus distant sans trop de réaction. Je me rapproche très près de l’homme de tête, a à peine trois secondes, mais voulant rentrer sans user de cartouches, je me retrouve à plafonner. Lui ne se relève absolument pas pour m’attendre : on dirait presque qu’il voulait sortir seul et uniquement seul. Il devra bien se résoudre au contraire puisque je rentre finalement au bout de deux ou trois kilomètres de chasse patate. Après un temps de récup, on passe des relais réguliers. Ca roule très vite. Les voitures s’intercalent entre nous et le peloton. Tous les signes extérieurs semblent montrer qu’on est parti pour un petit bout de temps. Lui se donne totalement à fond et n’en garde pas du tout. Il semble rouler à l’arrache, toujours la bouche grande ouverte, alors que moi, je suis plus sur la réserve, pas à bloc, même si mon instinct me pousse comme toujours a vouloir collaborer autant. On passe la ligne pour la première fois, on nous encourage, cette ambiance de l’échappée a quand même quelque chose d’addictif. Les relais sont longs et réguliers mais il me semble que les miens le sont tout de même un peu moins. Une ligne droite plus loin, c’est Cléon d’Andran, ou le début de la ligne droite infernale… 4km, avec le vent de face. Je lui conseille des relais plus courts mais il ne veut pas. Tant pis pour lui, juste les miens le seront, dans ce cas. Cette ligne droite dure une éternité, mais enfin, on a les premiers écarts : 1’10 d’avance. Je passe au pied mon dernier relais avant un bout de temps. Le rapport de force s’inverse, ce n’est plus moi qui profite de sa volonté mais lui qui me traine tant bien que mal. Pas un seul relai dans la bosse. Ce n’est pas la volonté qui me manquait, mais… Cette course commence à m’en rapeller une autre, les france… Et cette fois pas question de craquer. Comme tout le temps, au début ça va, je monte dans le rouge mais je tiens sauf qu’arrivé un certain moment, le seuil fatidique des 6′ d’effort atteint je craque physiquement comme toujours et je laisse un petit écart… Dans la descente. Non, pas question de craquer, cette fois je me fais vraiment violence. Je reviens dans la roue mais une seconde bosse se profile. Ca va peut être un peu mieux, en tout cas, ça semble alors je passe un premier relai. Au basculement, plusieurs “Allez Tom !” et un “Allez Mathias !” qui me surprend : Mathias, gants de l’Ecsel, c’est bien Mathias de Chavigny, ancien champion rhône alpes de chrono en junior 1 qui revient après une blessure… Ca me rassure, je comprends mieux pourquoi je souffre. Puis, dès que le plat revient de nouveau, tout va beaucoup mieux. Cependant derrière ça bouge, et on aperçoit le peloton pour la première fois depuis longtemps, en plusieurs morceaux. De nouveau lucide je prends des nouvelles de la situation très souvent. Notre seul souhait, qu’un petit groupe rentre de l’arrière. Seul un homme parvient à sortir, encore une fois : Quentin Charles. Ca fait drôle. A 3 ça tourne mieux et plus régulièrement. Son retour donne une impulsion nouvelle a l’échappée qui survit encore 3 petits kilomètres, mais malgré tout, on finit par se relever quand le peloton nous revient sur les talons.

Tout de suite De Chavigny tente de ressortir, à plusieurs reprises, mais il n’est pas le seul et le retour sur la tête de course donne des idées à bien plus de monde. Moi, 25 bornes m’ont bien suffit. Je tente de prendre des nouvelles de tout le monde : apparemment pas de chute, tous les polistes sont là. A peine repris Romain me conseille de rester à l’avant parce que “ça bordure dans tous les sens”. Moi, il faut que je récupère un peu car l’échappée restera quoi qu’il arrive dans les jambes. Tant pis, c’était l’objectif et finalement ça a presque été un jeu d’enfant de sortir. Je laisse un peu couler, et effectivement, ça bordure a tout bout de champ, même si ça reste relativement compact. Plusieurs kilomètres passent, dans la ligne droite d’avant-bosse je reprends mes réflexes en prenant la file de gauche sur la fin pour rester placé et aborder la bosse en vue de se tester de nouveau. Beaucoup de coureurs partent dans cette ligne droite puisque ça ne roule plus. Il y en a partout, ça attaque a gauche, a droite, au milieu. Quand la bosse arrive, je suis les coups. Il y a plusieurs groupes. On rentre sur le groupe de Romain, mais pas sur celui de Quentin Charles qui a pris une échappée avec 4 coureurs, qui constituera la seconde vraie échappée de la journée. Elle prendra moins d’avance que la nôtre mais durera aussi longtemps. Ca roule très vite, mais de nombreuses phases de récupération les laissent à distance. Quand le compte tour annonce deux, je me rends enfin compte de la différence de distance. En temps normal ce devrait être l’arrivée, incessamment sous peu et pourtant là, il va falloir tenir a ce rythme deux tours de plus. Dans les lignes droites qui suivent l’arrivée ça bordure vraiment fort, je croise Cédric qui redescend d’un coup plein vent, tente de le remonter un peu mais c’est difficile. Ca fait drôle de courir avec son entraîneur. Face au vent je me sens à l’aise, et dans la bosse ça va toujours, l’échappée me pèse mais j’ai encore le niveau pour sortir dans la bosse. Quand on parvient à faire la jonction avec cette échappée qui aura fait de nouveau un peu plus d’un tour, je me force à contrer immédiatement car tout le monde est à la limite. C’est à partir de maintenant que chaque coup devient réellement dangeureux et si la physionomie reste la même, mathématiquement, c’est le prochain coup qui risque d’être le bon. Malheureusement, pas le mien. C’est après que ça se décide, dans le dernier tour. Une échappée se forme indirectement avec trois juniors dont deux polistes : Vincent et Landry (je ne le remarque pas tout de suite…) ainsi que Jordan Pontal. Dernière bosse. L’éacrt est faible et je suis persuadé que ça peut se jouer dans la bosse. Je croise Cédric de nouveau et lui demande ce que je dois faire, attaquer ou attendre le sprint. Il me conseille d’abord de tenter si ça ne rentre pas, puis ensuite, de suivre Romain. Je le prends à la lettre et ne le lâche plus, sauf pour le relayer. Je ne me laisse qu’une attaque. Quand Romain tente sa chance une énième fois, c’est moi qui ramène, mais derrière ça casse et un petit groupe se forme.. On est alors tout près de l’échappée, à peine à dix secondes. Mais Romain craque et on est tout près de se faire reprendre alors j’en pose une autre, il faut ressortir sinon c’est fichu, sans trainer trop de monde non plus pour ne pas compromettre les chances de Landry et Vincent. Dilemme délicat. Un gars aux liserets bleu-blanc-rouge revient seul sur moi. Il me relaie mais difficilement, puis abdique en me relançant avec une poussette amicale et un petit “Allez, casse toi !” qui me remotive. Mais seul vent de dos, c’est peine perdue et ça ne tient pas très longtemps. Forcing échoué, il ne reste plus que le sprint. Je prends la roue de Maldonado et ne la lâche plus.
Seulement l’arrivée se rapproche dangeureusement et je suis toujours en 40 ou 50e position. En espérant remonter de derrière je m’aperçois que les positions sont figées et je remonte sur le côté, par sauts de puce dans l’herbe, place par place. Mais l’arrivée est trop près. Il faut que je lance le sprint de suite, si je evux avoir une chance de remonter. Mais où ! Nulle part, donc, dans l’herbe encore, en attendant mieux. Pas le temps de me rabattre à gauche, après une cinquantaine de mètres de sprint à côté des autres (je les remontais !) paf, un trou, pchiiiiouuu, la roue arrière. Bon cette fois plus grand chose à faire, ce sera paquet & anonymat. Dommage, les jambes étaient là pour concrétiser.
L’Ecsel signe une magnifique victoire et c’est celui avec qui je partage mes journées de cours, Landry, qui l’emporte.
Le week end prochain, gros week-end. A commencer par Saint Romain en 3 où cette fois plus de place au hasard. Si je suis fort, je serai devant.