#1 2/3/J Valréas
#1 2/3/J Valréas

#1 2/3/J Valréas

Après une bonne semaine de travail dans les contreforts des cévennes, l’équipe se retrouve à Valréas pour l’ouverture de la saison. Une course de 2e catégorie, que l’on souhaite donc gagner pour marquer les esprits, bien que ce ne soit encore qu’une course de préparation.
La consigne est de tenter une bordure dès le kilomètre zéro. Seul hic, l’ordre des dossards n’est pas respecté et le groupe se retrouve complètement éclaté sur la ligne de départ parmi les 160 partants, moi le plus loin. Je suis crispé pour une fois sur la ligne de départ, j’appréhende un peu la chute… A l’échauffement lorsque le vent est arrivé de côté, le vélo a filé tout seul dans les vignes, et je devais déchausser pour garder l’équilibre à chaque rafale ! Je prends donc le temps de prendre une mettre une roue à jante basse à l’avant…
Sans surprise, dès le départ le rythme est élevé. Je n’ai pas d’autre choix que de remonter rapidement dans le vent le peloton qui s’étire, par saccades, lorsque j’ai la place pour passer. J’ai quasiment une centaine de coureurs à remonter. Petit à petit, coureur par coureur, je remonte à l’avant, jusqu’à voir poindre la tête de la bête au bout de 3 kilomètres. Les roannais se regroupent, un peu tard, puisqu’on s’organise finalement lorsque le vent souffle de face… On finit par se relever un peu.
On laisse quelques coups partir, on endort un peu la bête. Puis dès l’entrée dans le village de grillon, on se regroupe de nouveau, puis on hausse brutalement le rythme à la sortie du village.
#1 : Valréas. 2/3/J
Nous sommes bien organisés, mais quatre seulement à tourner, puisque Valentin s’est fait piéger derrière et que Thomas occupe le rôle du portier. Je suis limite, j’angoisse. J’ai du mal à passer lorsque ça roule trop vite : je n’ai pas encore récupéré des efforts pour remonter. Paul lui, au contraire, passe ses relais trop forts. On n’est pas aussi bien organisés qu’à l’entrainement. Malgré tout, des cassures se forment, puis se regroupent, puis cassent de nouveau. D’autres coureurs s’invitent dans l’éventail, mais ils ne s’y prennent pas comme il faut et nous désorganisent un peu plus. A la fin de la ligne droite, si l’écrémage est déjà très important puisque un gros tiers du peloton est passé à la trappe, on reste sur notre faim. On se relève finalement, ce qui me permet de souffler un peu, et à Valentin de se replacer devant.
Le premier tour est bouclé et le vent souffle maintenant de trois quart dos, sur une route plus étroite, toujours favorable aux bordures. Le temps de répit est de courte durée : quelques coureurs relancent le rythme, d’autres s’écartent au milieu de la bordure, il y en a partout. Je me promets de rester placé dans les 20 premiers car je crois que le groupe peut casser à tout moment.
Romain prend l’envie d’attaquer sur la gauche de la route : grosse vague, tout le monde veut prendre la roue, et me voilà à l’autre bout projeté dans le fossé. Dans ma roue, Paul sort lui aussi de la route. Je dois remonter sur la chaussée, et je repars juste derrière la queue du peloton pour constater qu’il n’y a plus devant que 40 coureurs, au maximum !
Au croisement pour reprendre la route de Grillon, nous reprenons de nouveau le mistral de face. La scène est risible, le gros paquet occupant toute la route qui roule à peine à 20 km/h, et moi 50 mètres plus loin, à peine plus vite, mais complètement à bloc ! A ce moment je crois ne jamais rentrer. Paul, aérien, me double et croit me porter secours lorsqu’il roule à 25km/h : je ne peux pas prendre la roue. Romain se laisse décrocher du peloton et termine de nous rapatrier à l’intérieur. Une grosse frayeur !
Je remonte tout de suite devant, cette fois. Je sais que le coup peut sortir à partir de maintenant. L’équipe est groupée aux avant postes, mais nous ne sommes à nouveau plus que quatre, puisque Valentin s’est de nouveau fait piéger avec Rémy. Un coureur attaque timidement, la tête de peloton prend son sillage. La violence du vent de face dissuade une grande partie des bonnes volontés. Un grand téméraire d’Aix en Provence place un violent démarrage, auquel personne ne répond. Il s’éloigne, sans réponse, jusqu’à presque disparaître de notre horizon. Alors Paul place une violente attaque lui aussi, et s’enfuit à sa poursuite.
#1 : Valréas. 2/3/J
Lorsque le peloton reprend le vent de côté à la sortie de Grillon, un coureur de l’AVC Aix équipier du leader de la course touche une roue et s’effondre brutalement à l’avant du peloton. Je peux l’éviter, mais le flottement se prolonge. Une attaque que je suis, puis un contre de Frédéric Ménini juste après un petit taquet qui lui aussi, part seul à la poursuite de Paul. Un coup d’oeil au loin pour constater que celui-ci a repris le coureur de l’AVC Aix. Vent de côté, le peloton sort de sa léthargie petit à petit et après quelques tentatives de l’arrière, Fred Menini est ramené dans le rang : les deux hommes poursuivent leur numéro sans nous attendre.
Jusqu’ici, la course subit notre mainmise : deux échappés dont un des nôtres, que je vois plutôt aller au bout, et dont je sais que si c’est le cas Paul a de grandes chances de l’emporter, même si les coureurs n’y croient pas trop. Quand bien même il se ferait rejoindre, ce serait à Romain et moi de rentrer en jeu et cette fois-ci sans retenue.
Derrière, tour à tour suite au retour d’un gros groupe en chasse avec nos deux autres roannais, on saute dans les coups et on verrouille la course. Lorsque le groupe prend un peu de champ, on n’hésite pas à rouler, sinon ; les autres coureurs sont à notre merci. Les coureurs d’Aix jouent eux aussi parfaitement leur rôle, confiants de l’emporter j’ai plutôt l’impression, mais nos deux équipent cohabitent avec efficacité. Après un nouveau tour en tête, l’écart annoncé nous est de 50 secondes. La situation reste en notre faveur jusqu’à deux tours de l’arrivée, ou les deux leaders sont pointés à 2 minutes.
On laisse alors filer un groupe de trois coureurs, sans lui accorder au début le crédit qu’il mérite. La situation évoluant toujours dans ce sens depuis trois ou quatre tours, on ne panique pas, et on croit qu’ils rentreront dans le rang un peu plus loin, même si d’autres contres se forment derrière. Il m’arrive, comme il arrive à chacun de nous, de faire quatre ou cinq kilomètres dans un contre pour qu’il se fasse finalement reprendre ; mais à 20 kilomètres lorsque je suis un groupe de 5-6 coureurs qui est sorti, je fais le choix de collaborer pour rentrer sur les trois que l’on aperçoit au loin. Paradoxalement, les autres coureurs ne sont cette fois pas trop conciliants. Je pars tout seul en facteur et chaque fois que je me retourne, le groupe puis derrière le peloton sont de plus en plus petits.
#1 : Valréas. 2/3/J
A la cloche, je suis donc tout seul en contre derrière trois coureurs, eux mêmes en chasse de Paul et de son compagnon, qui ont déjà 60 kilomètres d’échappée dans les jambes. Le vent souffle de nouveau de côté, et malgré que je reste efficace, je ne reprends plus de temps sur le petit groupe, duquel je m’étais pourtant rapproché. 8-10 secondes, jamais plus. Je sais qu’il faut que je maintienne l’écart jusqu’à reprendre le vent de face pour conserver une chance de rentrer et rééquilibrer la donne. Mais derrière, c’est la guerre aussi, et juste au terme de la ligne droite qui dure 7 kilomètres, je suis rejoint par une première bordure dans laquelle figure Romain. Et finalement, un groupe d’une petite trentaine d’unités se reforme. Il reste alors 7 kilomètres et l’échappée est assurée d’aller au bout.
Romain me propose alors de partir a deux. On sait qu’on fait très mal à chaque fois qu’on tente de sortir. Lorsqu’il remonte et place une violente attaque dans le dernier petit bout de relief, je suis dans sa roue, et l’écart se creuse rapidement. Il reste alors 3 kilomètres.
Seulement un coureur d’Aix a lui aussi pris notre sillage. Il s’agit de Thomas Roux que je n’ai pas reconnu d’entrée. Il ne peut pas prendre le relais lorsqu’on lui en demande un premier : j’hésite à placer un contre, mais je passe finalement. On s’entend bien. Romain prend les choses en main au kilomètre et roule en tête, je me place dans sa roue. C’est une erreur dont profite avec succès Thomas Roux, en lançant le sprint assez proche de l’arrivée : je me fais surprendre, dois recoller à la roue, et ne parviens pas à remonter. Je m’en veux de cette bêtise, mais dès la ligne passée je sais que Paul a gagné la course.
#1 : Valréas. 2/3/J
Je termine donc la première course de la saison à la 7e place, à 1’30 de Paul qui règle son compagnon d’échappée. J’aurais du terminer 6e, mais Roux aura été plus malin. Romain termine 8e, Valentin et Thomas dans le peloton après avoir fait un gros travail aux 20e et 23e places. Rémy a été victime d’une chute à deux tours de l’arrivée : il termine dans le peloton suivant à la 55e place.
A l’heure du bilan, deux observations sur le plan personnel : je me suis fait une frayeur en début de course en étant dans le dur par moments, mais au fur et à mesure, je me suis trouvé de mieux en mieux, jusqu’à tout à fait me promener dans les trois derniers tours. A l’usure, je me retrouve certainement le plus fort. En revanche, il est logique que j’accuse le coup sur les efforts violents : je n’ai pas encore commencé le travail des intensités à l’entraînement. Il viendra cette semaine, en espérant atteindre un premier pic de forme rapidement, pour le Trophée Louison Bobet dans deux semaines.
Sur le plan collectif, j’ai vécu une course très enrichissante, j’ai pris beaucoup de plaisir à courir en équipe ce qui est nouveau pour moi, ces nouveaux repères me plaisent énormément. Pour couronner le tout, on remporte la course et de très belle manière. Un coup de chapeau à Paul qui a tenu son rang.
Dimanche prochain, l’équipe se retrouve à Bohas pour une première catégorie. L’objectif est le même qu’aujourd’hui : gagner, et bien que le niveau soit nécessairement plus élevé, c’est un challenge sincèrement à notre portée.


1. Paul Sauvage (CR4C Roanne) J1 en 2h26’00
2. Jean-Michel Maurin (AVC Aix) 2
3. Thibaud Humbert (VS Romanais) 3 à 50″
4. Sylvain Nodin (UC Montmeyran) 3
5. Julien Gauthier (USC Crest) 3 à 1’06”