#36 1/2/3/J Lugny
#36 1/2/3/J Lugny

#36 1/2/3/J Lugny

            Après un début de semaine d’entrainement terrible, j’enchaine par deux jours sur Roanne avec l’équipe première, qui sur cette période estivale creuse entre deux courses à étapes, suit un joli calendrier en première catégorie avec du jeudi au lundi l’enchainement Chardonnay, Lugny, Fleurie et Briennon. Pour ma part, dans ma préparation pour les championnats de France, j’ai choisi Lugny et Fleurie le vendredi et le samedi donc.
            Le GP de Lugny représente dans le calendrier de la majorité des coureurs elite présents au départ un course de seconde zone sans trop d’enjeu, mais pour nous juniors, c’est le plus haut niveau auquel nous sommes autorisés à nous confronter. En préparation elle aussi, je retrouve la sélection de Bourgogne juniors à l’exception de Kévin Goulot, le seul à être un vrai adversaire pour les championnats de France. Mais la concurrence vient surtout des coureurs de première catégorie, parmi lesquels les équipes du SCO Dijon, le team Vulco, le VC Toucy, le CC Etupes ou le VC Caladois. Côté roannais, l’effectif a lui aussi belle allure, emmené par Jérôme Mainard, ainsi que Lucas Barjon, David Menut, Aymeric Brunet et Mihkel Raim.
            La course promet d’être assez tactique et mouvementée au vu du parcours assez complet et du niveau homogène, ainsi que du probable jeu collectif. A ce compte là, je choisis de prendre les premières échappées et je me rends rapidement compte que je suis très fort, dès le premier tour, lorsque j’intègre le premier groupe d’échappées significatif. Seul roannais à l’avant, j’ai bien fait de me dévouer pour soulager les autres. Je ne passe pas plus que ma part de relais car d’autres équipes comme Dijon ont deux coureurs à l’avant, et je ne sais pas s’ils compteront trop sur moi derrière de toute façon. Ce premier groupe sera repris après un peu plus d’un tour à l’avant, soit presque 10 kilomètres.
            Les attaques s’enchainent ensuite et un autre groupe prend du champ, plus conséquent que le mien. J’ai l’opportunité lorsque le rythme accélère derrière de prendre un second groupe de contre qui ne tardera pas à se regrouper à l’avant. Nous formons désormais un groupe de 20-25 unités, nous avons donc éliminé un certain nombre d’adversaires et nous sommes encore 4 du club : Jérôme, Aymeric, Mihkel et moi. David et Lucas sont piégés et ne reviendront pas sur nous.
            Dans un premier temps, il s’agit de creuser l’écart, sans pour autant trop y laisser de forces chacun. On atteint ainsi le cap de la mi course à partir duquel ça commence à bagarrer un peu plus sérieusement, car un groupe de 25, c’est beaucoup ; finalement, le bon coup partira à l’occasion d’une prime remportée par notre estonien Mihkel Raim devant les deux vaudais Cassini et Bescond, stagiaire et futur néo-pro dans la formation Cofidis. Cette échappée nous convient fort bien même si Mihkel se trouve seul contre deux adversaires, nous avons confiance en lui.
            Une crevaison vient couper la routine des attaques, d’ailleurs, elle survient alors que je suis seul en contre, après avoir contré l’une des nombreuses tentatives vaines de Benjamin Leroscouet. Je panique à peine trois secondes, puis je me concentre sur la marche à suivre en pareil cas. Je continue un peu à plat, fais bien signe à la voiture neutre derrière notre groupe pour qu’elle anticipe, puis une fois que le groupe m’a repris, m’arrête à droite. On change la roue rapidement et je repars, c’est très efficace. Il revient vite se replacer devant moi et en quelques hectomètres de derrière voiture j’ai repris ma place dans le groupe. Sur que certains n’ont rien remarqué !
            Dans la routine de notre groupe d’échappés, je ne me rappelle plus avec précision de tous les groupes qui se sont formés, tellement ils ont été nombreux et vains. Je me souviens bien en revanche que j’ai encore du m’arrêter deux fois, la première parce que le mécano m’a dit qu’il fallait que je rechange auprès de Jean Charles pour que les vitesses passent, la seconde ; parce qu’en fait il ne fallait pas puisque je suis en 10 vitesses. Chaque fois, je reviens derrière la voiture toujours aussi rapidement, et au moins, je suis au point de ce côté-là. J’y laisse quand même des forces.
            Finalement, pour les places d’honneur, un groupe parviendra bien à se détacher, avec pour nous Jérôme Mainard et Aymeric Brunet. Il reste 2 tours à couvrir et après avoir neutralisé le groupe pour protéger mes deux leaders, je me paye même le luxe de contrer et de rentrer seul sur eux. Nous voilà donc à 3 roannais sur un groupe de 8.
            Jérôme me demande si je veux jouer le sprint ou sortir avant. Je lui réponds que je me sens plus pour le sprint. Malgré tout, l’occasion se présente au kilomètre et je sors en tactitien, assis sur la selle, par l’avant du groupe. Je creuse le trou. Lorsque je me retourne, je m’aperçois que c’est Jérôme qui fond sur moi tout seul, je lève alors un peu le pied pour prendre sa roue. Lui aussi lève le pied pour que je puisse l’accrocher. Je lui laisse la place de 4e, car il aurait pu me sortir s’il l’avait voulu, mais il m’a attendu. La 5e place me convient.
            Une course réussie et un travail de qualité, les exigences du jour sont toutes bien remplies. J’ai pris du plaisir, bien couru tactiquement et collectivement puisque Mihkel l’emporte en puissance face aux deux Vaudais, et qu’on place 4 coureurs dans les 10. J’espère connaître la même réussite demain à Fleurie.